La surprenante reprise économique depuis quatre mois permettra au gouvernement fédéral d'afficher un déficit moins élevé que prévu dès l'exercice financier qui prenait fin le 31 mars, a appris La Presse.

Selon certains économistes, le déficit pourrait être de 5 milliards de moins que les prévisions du ministre des Finances Jim Flaherty dans son dernier budget déposé le 4 mars. Et en 2010-2011, Ottawa pourrait enregistrer un déficit de 40 milliards, soit 10 milliards de moins que prévu.

Dans son budget, le grand argentier du pays anticipait un déficit de 54 milliards en 2009-2010. Mais les résultats économiques fort encourageants des premiers mois de l'année tendent à démontrer que le manque à gagner sera moins élevé.

Déjà, les stratèges conservateurs se frottent les mains. «Tout indique que le déficit sera moins élevé que ce à quoi on s'attendait au départ. Mais il est trop tôt pour s'avancer sur un chiffre», a indiqué à La Presse une source conservatrice digne de foi.

Le gouvernement Harper prévoit venir à bout du déficit au plus tard en 2015. Il a promis de rétablir l'équilibre budgétaire sans augmenter les impôts ou les taxes et sans réduire les transferts aux provinces.

Optimisme

L'optimisme renouvelé des conservateurs quant à l'état des finances publiques a été conforté la semaine dernière quand le ministère des Finances a révélé que le déficit du mois de janvier s'est élevé à seulement 300 millions, le plus petit déficit depuis qu'Ottawa a renoué avec l'encre rouge il y a 12 mois.

Pour les 10 premiers mois de l'exercice financier 2009-2010, qui a pris fin le 31 mars, le déficit s'est élevé à 39,6 milliards. Pour atteindre le déficit prévu dans le budget, le gouvernement fédéral devrait donc encaisser un manque à gagner de 14 milliards pour les deux derniers mois de l'exercice, ce qui est fort improbable compte tenu de la vigueur de la reprise économique depuis le dernier trimestre de 2009.

Des ajustements de fin d'exercice feront en sorte que le déficit sera de nouveau à la hausse en février et en mars. Mais d'aucuns croient que la perte sera nettement inférieure à 14 milliards pour les deux derniers mois.

Dans son budget, le ministre Flaherty tablait sur un taux de croissance prudent de 2,6% en 2010 et de 3,2% en 2011. Or, l'économie canadienne pète littéralement le feu depuis le début de l'année. Le Canada a vu son économie croître durant cinq mois d'affilée en janvier.

Durant l'automne, le produit intérieur brut (PIB) a crû de 5% à un rythme annuel. En janvier, le PIB a augmenté de 0,6%, a indiqué mercredi Statistique Canada, un taux supérieur aux prévisions.

Déficit inférieur

Économiste en chef à la Financière Banque Nationale, Stéfane Marion s'est dit convaincu que le déficit sera nettement inférieur aux prévisions du ministre Flaherty. Sa calculette lui indique un déficit moins élevé de 5 milliards en 2009-2010 et de 10 milliards de moins en 2010-2011. «La vigueur de l'économie est tellement forte actuellement que cela va avoir un impact sur les résultats de la fin de l'exercice financier et sur le prochain», a dit sans équivoque M. Marion.

«Ce qui est clair, c'est que le déficit sera moins élevé qu'on l'avait prévu cette année et l'année prochaine. La vigueur inattendue de l'économie canadienne au quatrième trimestre aura des effets positifs sur les finances. Et le premier trimestre de l'année est aussi bon. Les finances publiques vont s'améliorer plus rapidement qu'on le pense», a ajouté M. Marion.

L'économiste en chef a toutefois souligné que le rythme de croissance de l'économie risque de ralentir à partir du moment où la Banque du Canada augmentera son taux directeur. On prévoit une augmentation du loyer de l'argent au plus tard en juin ou en juillet.