Plus d'un million de fonctionnaires de l'Ontario verront leur salaire gelé alors que le gouvernement de la province affiche un déficit record de 110 milliards de dollars sur huit ans.

Le ministre ontarien des Finances, Dwight Duncan, a tenté d'adopter un ton conciliant en présentant son budget jeudi, mais le message était clair: les employés de l'État devront aussi faire leur part pour éponger l'énorme déficit de la province.

«Nous avons délibérément choisi une voie que nous estimons juste et équilibrée», a déclaré M. Duncan, conscient des tensions que cette décision ne manquera pas de créer entre le gouvernement et la fonction publique. «Nous allons remettre l'Ontario sur pied et nous sommes impatients de travailler avec tous nos partenaires du vaste secteur public.»

M. Duncan espère économiser 750 millions de dollars en gelant les salaires et les avantages du personnel de la fonction publique. Seuls les employés des municipalités et leurs corps policiers seront épargnés par cette mesure. Le salaire des élus demeurera gelé pour deux autres années et la mesure s'appliquera aussi aux fonctionnaires non syndiqués.

Les conventions collectives des fonctionnaires syndiqués seront respectées, mais aucune augmentation ne sera accordée durant les deux années qui suivront leur date d'échéance. Quelque 750 conventions devront être renégociées au cours de la prochaine année, dont celles des infirmières et du personnel des collèges et des universités. Les conventions des enseignants et des fonctionnaires arriveront à terme en 2012.

Afin de réduire les dépenses, le ministre Duncan a aussi décidé de geler les coûts administratifs internes, mettant ainsi un frein au financement d'importants projets à long terme et de la réforme du programme de médicaments de la province visant à baisser le prix des médicaments génériques.

Autrefois le moteur de l'économie canadienne, l'Ontario est maintenant sur l'aide sociale, s'est indigné le chef de l'opposition, Tim Hudak.

«Dalton McGuinty hypothèque l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants en doublant la dette de l'Ontario et il ne peut tout simplement pas mettre cela sur le compte de la récession», a soutenu M. Hudak dans une sortie contre le premier ministre ontarien. «Pendant que d'autres provinces connaissent une reprise, l'Ontario se rapproche de plus en plus du statut de démuni.»

Malgré sa situation financière précaire, l'Ontario ira de l'avant avec son coûteux programme de service de garde à temps complet pour les enfants de quatre et cinq ans, en plus d'injecter 310 millions supplémentaires dans l'éducation postsecondaire afin de créer 20 000 nouvelles places dès cet automne.

Les résidants et les entreprises du nord de l'Ontario ne seront pas en reste puisqu'elles auront droit à un crédit d'impôt pour l'énergie et à un tarif d'électricité spécial pour les grands utilisateurs industriels. La région recevra également 45 millions pour le développement de projets économiques.

Quant aux hôpitaux, déjà aux prises avec de sérieux problèmes budgétaires, leur financement de base sera majoré de 1,5%, une maigre augmentation qui pourrait accélérer la fermeture de lit et les mises à pied dans les installations de la province.

En dépit d'un déficit historique de 21,3 milliards de dollars l'année dernière et de près de 20 milliards pour la suivante, le gouvernement libéral de l'Ontario a décidé de repousser l'exécution de son plan pour rééquilibrer les comptes après les élections de 2011.

L'Ontario prévoit sortir du rouge en 2017-18, soit deux ans après Ottawa.