La reprise est à portée de la main, mais les travailleurs et les entreprises du pays ne doivent pas s'attendre à ce que l'économie retrouve rapidement son niveau d'avant la récession, prévient le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney.

La récession mondiale a exercé un impact important sur la façon dont l'économie va désormais fonctionner, et tant le secteur des entreprises que le monde du travail devront apporter de sérieux ajustements s'ils souhaitent prospérer, a-t-il dit.

A l'occasion d'un discours prononcé jeudi devant la Chambre de commerce de Winnipeg, M. Carney a estimé que le dégel de l'économie était proche.

Le pays entame cette période d'ajustement muni de nombreux atouts, a ajouté M. Carney, prévenant toutefois que les efforts qu'il faudra consentir seront sans précédent.

Le gouverneur de la banque centrale a dit ne pas être convaincu que le secteur privé canadien se soit positionné de façon à tirer profit de la reprise.

Bien que leurs résultats financiers soient solides et que les conditions financières s'améliorent, les entreprises canadiennes n'ont pas investi stratégiquement dans leurs activités durant la période de récession, de sorte qu'elles affichent maintenant un retard au niveau technologique, a indiqué M. Carney.

De plus, la compétitivité du secteur américain des entreprises s'est nettement améliorée en raison des variations du taux de change et des résultats exceptionnels au chapitre de la productivité aux États-Unis, a-t-il prévenu.

Les sociétés canadiennes ne peuvent plus se fier à la demande aux États-Unis, mais elles peuvent être assurées d'une concurrence accrue de la part des entreprises américaines sur les marchés mondiaux, a indiqué M. Carney.

«Bref, au sortir de la récession, les sociétés canadiennes se retrouvent dans un monde différent, qui pourrait nécessiter une restructuration plus importante et des initiatives stratégiques plus énergiques que celles qu'on envisage actuellement», a-t-il déclaré.

En ce qui a trait au secteur du travail, le gouverneur de la Banque du Canada a prévenu que même si le chômage s'était récemment stabilisé, plusieurs des emplois qui se sont envolés durant la récession ne seraient pas récupérés.

«Même si la détérioration du marché du travail semble avoir cessé, un trop grand nombre de Canadiens qui veulent travailler sont encore au chômage et beaucoup de personnes ayant encore un emploi travaillent moins d'heures qu'elles le voudraient», a constaté M. Carney.