Le grand patron de Research In Motion (RIM), Jim Balsillie, a été nommé la personnalité ayant le plus marqué l'actualité économique et financière en 2009, par La Presse Canadienne, selon le vote mené auprès des directeurs de l'information des journaux et stations de radio et télévision.

M. Balsillie a échoué dans sa tentative de rapatrier les Coyotes de Phoenix, en 2009, mais ses efforts acharnés lui ont permis d'acquérir une grande notoriété parmi les Canadiens qui souhaitent l'ajout d'une autre concession canadienne dans la Ligue nationale de hockey. Quant à RIM, l'entreprise de M. Balsillie, elle a connu des hauts et des bas au cours de l'année. Elle a inscrit 15 millions de nouveaux abonnés alors qu'elle s'est attaquée au marché du téléphone intelligent et s'est installée en Chine. Mais RIM a aussi souffert de deux pannes majeures de réseau, tout en faisant l'objet d'une plus forte concurrence de ses rivaux Apple, Google et Palm.

M. Balsillie a obtenu 44 des 122 votes. Il a devancé le «consommateur canadien», qui a reçu 24 votes, et le gouverneur de la Banque du Canada, Marc Carney, qui en a eu 20.

L'homme d'affaires de Waterloo, en Ontario, dont les actifs ont atteint environ 2,7 milliards $ en 2009, est aussi dynamique en affaires que dans la vie privée. Le diplômé de l'Université Harvard est un athlète accompli, un adepte de la culture physique, qui joue au hockey et au golf de compétition tout en participant à des triathlons.

«Il se donne à fond dans tout ce qu'il fait», a dit Jim Estill, un membre du conseil d'administration de RIM. «Il n'aime pas perdre.»

Au sujet de son désir d'acheter une concession de la LNH, on pourrait croire que les carottes sont cuites pour M. Balsillie, mais ceux qui le connaissent affirment qu'on ne doit pas le compter pour battu. «C'est un sac de sable qui revient vers vous après avoir été frappé, et vous assène un coup directement à l'estomac», disait un de ses amis, Ron Foxcroft, après la tentative ratée de M. Balsillie d'acquérir les Coyotes de Phoenix. «Ces petits obstacles sont comme un chiffon rouge agité devant un taureau. Cela le motive encore plus.»

M. Balsillie a aussi dû faire face à la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario. En février, des dirigeants et administrateurs de Research In Motion [[|ticker sym='T.RIM'|]], incluant les deux chefs de la direction, Mike Lazaridis et Jim Balsillie, ont conclu une entente les contraignant à payer quelque 77 millions $ en amendes ou sommes restituées.

RIM a été blâmée par les clients et les experts du marché des télécommunications pour les deux pannes majeures de son réseau en moins d'une semaine vers la fin de l'année.

Ces problèmes ne pouvaient pas se produire à un aussi mauvais moment, pensent certains. La concurrence est de plus en plus féroce dans le marché du téléphone intelligent, avec l'arrivée du iPhone et du Google Wave.

Toutes les nouvelles n'étaient pas mauvaises, cependant. Le nombre d'abonnés au BlackBerry a augmenté de 70 pour cent pour atteindre 36 millions à la fin du troisième trimestre par rapport à la même période de l'année précédente. Les résultats ont aussi fait taire les sceptiques qui pensaient que la croissance de l'entreprise serait interrompue par la crise économique.

RIM est en train de s'installer en Chine, un pays qui n'a pas encore partagé l'engouement mondial pour le téléphone intelligent. «Nous avons entendu à plusieurs reprises les prédictions selon lesquelles tout s'effondrera chez RIM, que l'entreprise sera dévorée par une rivale, mais c'est le contraire qui s'est produit», a affirmé Duncan Stewart, directeur des recherches chez DSam Consulting.

Devant l'adversité, Jim Balsillie a décidé de s'effacer au cours de l'année. Il n'a pas plus parlé publiquement de sa tentative d'achat des Coyotes et a décliné les demandes d'entrevues.

La stratégie déployée par l'homme d'affaires a soulevé l'ire des dirigeants de la LNH. Certains disent que M. Balsillie aurait dû être fidèle à lui-même dans ce dossier. «Quand on analyse le style de Jim dans le marché du téléphone intelligent, on constate qu'il est un parangon du partenariat», a souligné Duncan Stewart.

«Il a travaillé en étroite collaboration avec les entreprises de télécommunications. C'est un fin diplomate. Son conflit avec la LNH ne lui ressemble pas.»