Quelques milliers de retraités de Nortel ont bravé le froid automnal mercredi sur la colline parlementaire pour réclamer des changements dans le système des régimes de retraite qui, disent-ils, ne les protège pas adéquatement.

Ces retraités souhaitent que les anciens employés des entreprises soient considérés comme des créanciers prioritaires advenant la faillite et qu'ils puissent ainsi toucher pleinement leurs prestations de retraite.

Pour eux, il est inconcevable que des travailleurs, qui se sont dévoués pendant des années pour une compagnie, voient leurs prestations amputées en cas de faillite, alors que d'autres créanciers sont complètement remboursés.

«Il faut se mettre en ligne, avec tous les autres créanciers, pour obtenir ce qui nous est dû, et à l'heure actuelle, les lois ne nous protègent pas», a déploré François Meunier de la Sauvegarde des retraités et anciens employés de Nortel Canada (SRNC).

Un de ses ex-collègues, Bernard Neuschwander, s'est adressé à la foule grelottant devant le Parlement, pour dénoncer des lois «injustes et périmées», insensibles aux besoins de ces anciens travailleurs.

«J'imagine que la plupart d'entre vous, lorsque vous avez décidé de prendre votre retraite, ne vous imaginiez pas vous retrouver par une froide journée d'octobre sur la colline parlementaire, réduits à venir mendier pour conserver les quelques bénéfices que vous avez mis toute une vie à amasser», s'est-il désolé.

Les chefs des trois partis d'opposition à la Chambre des communes ont joint leurs voix à celles des manifestants en dénonçant l'inaction du gouvernement conservateur de Stephen Harper dans le dossier.

Le chef bloquiste Gilles Duceppe a confié aux manifestants qu'il comprenait leur colère, «cette colère d'avoir cotisé toute votre vie à un fond de pension, et de ne pas pouvoir toucher la rente à laquelle vous avez légitimement droit».

Son homologue néo-démocrate Jack Layton a déploré que les conservateurs oublient selon lui à qui revient la colline parlementaire, c'est à dire aux citoyens.

Le leader du Parti libéral du Canada (PLC) Michael Ignatieff a salué le courage des retraités et des travailleurs invalides en soulignant qu'ils avaient fait leur travail en organisant cette manifestation.

«Maintenant, c'est au tour de vos représentants élus de faire leur travail. Et nous le ferons», a-t-il conclu.

Mais pour les députés du parti conservateurs, seuls absents du rassemblement, ce n'est pas au fédéral de s'occuper de ces anciens travailleurs de Nortel.

«Les retraités de Nortel se sont trouvés dans une situation particulièrement cruelle quand toute leur compagnie s'est retrouvée en faillite», a convenu le ministre de l'Industrie, Tony Clement.

Il a cependant soutenu que c'étaient aux provinces de faire face au problème, et non au gouvernement fédéral.

«D'un autre côté, le ministre des Finances et moi allons travailler avec les provinces pour nous assurer d'avoir de meilleurs systèmes de retraite dans le pays, dans le futur», a-t-il promis malgré tout.