Le dollar canadien a clôturé jeudi à un nouveau sommet d'un an, malgré un nouvel avertissement de la Banque du Canada sur l'impact négatif que pourrait avoir un huard vigoureux sur la croissance économique.

Mais avec une économie mondiale qui se remet de la soi-disant Grande Récession et l'appui manifesté aux matières premières - que le Canada détient en abondance - le huard prend un nouvel envol et semble se diriger tout droit vers la parité avec le billet vert américain.

La Banque de Montréal s'attend à ce que le huard atteigne la parité sur une base soutenue d'ici le milieu de l'année prochaine, mais Douglas Porter, analyste chez BMO Marchés des capitaux, admet que cela pourrait avoir lieu plus tôt.

«Une fois que les marchés s'alignent sur une cible, ils peuvent parfois se comporter comme un chien avec un os», a-t-il illustré.

D'une certaine manière, un dollar fort permet de contrôler l'inflation en amoindrissant le prix des biens importés. Mais il est généralement considéré que son rôle a un effet plus négatif sur l'économie puisqu'il rend les biens produits au Canada moins concurrentiels pour la vente sur les marchés étrangers.

Le dollar canadien a terminé la séance de jeudi à 95,04 cents US, soit un gain de 0,91 cent US. Il s'agit de son plus haut niveau de clôture depuis le 29 septembre 2008.

La Banque du Canada a fait plusieurs mises en garde contre la vigueur du dollar canadien depuis le mois de juin, et elle a répété jeudi ses inquiétudes à ce chapitre, lorsque le premier sous-gouverneur Paul Jenkins a évoqué, lors d'un discours à Vancouver, ses effets sur l'économie.

«Toutes choses égales par ailleurs, une vigueur persistante du dollar canadien réduirait aussi la croissance réelle et retarderait le retour de l'inflation à la cible visée», a-t-il affirmé.

Plusieurs facteurs devraient faire en sorte que l'envolée du huard se poursuive et qu'il atteigne la parité avec le dollar américain.

Le rapport de Statistique Canada sur l'emploi attendu ce vendredi - que les analystes croient positif - est de ce nombre.

L'agence pourrait rapporter que 5000 emplois ont été créés en septembre, estiment les économistes. C'est un nombre modeste, mais qui tranche avec la situation aux États-Unis, dont la devise sert de référence pour l'évaluation du huard.

Le Canada pourrait ainsi afficher un deuxième gain mensuel consécutif au chapitre de la création d'emplois, ce qui serait une indication claire que le pays se relève de la récession. De leur côté, les États-Unis font état d'importantes pertes d'emplois mois après mois. En fait, ils n'ont pas affiché de gain net à ce chapitre depuis près de deux ans.

Le dollar canadien profite également d'un certain optimisme à propos de l'économie mondiale. Cela a pour effet de faire grimper les prix et la demande des ressources naturelles, particulièrement le pétrole.