Ça a frappé fort. Une grosse crise pour une grosse industrie. Celle de l'automobile. Et maintenant, une lumière au bout du tunnel.

D'abord, des chiffres qui parlent: de juin 2008 à juin 2009, 31 111 travailleurs de l'auto ont perdu leur emploi en Ontario, selon des données de Statistique Canada fournies à La Presse. C'est plus d'un employé sur quatre qui travaillaient chez les grands constructeurs comme Ford, GM, Toyota ou leurs nombreux fournisseurs. «Ça a été terrible, explique le président de l'association des fabricants de pièces d'automobiles, Gerald Fedchun. On a une très, très mauvaise récession dans le secteur de l'auto. Je pense que ça va finir par être pire que celle de 1981.»

Le fabricant de pièces Martinrea, dont le siège social est à Vaughan, au nord de Toronto, est un reflet à petite échelle de ce qu'a vécu l'industrie de l'auto en Ontario. Le nombre de ses employés répartis dans une trentaine d'usines au Canada, aux États-Unis et au Mexique est passé de 7200 l'an dernier à environ 4500 actuellement.

Deux des quatre principaux clients de Martinrea, Chrysler et GM, se sont protégés de leurs créanciers devant les tribunaux. Son titre en Bourse est passé de 12$ en janvier 2008 à 2,50$ un an plus tard. Ouf!

Ces jours-ci, l'action de Martinrea oscille entre 7$ et 7,50$... ce qui nous amène aux signes de reprise dans l'industrie.

« Si nos clients (GM, Ford et autres) sont en voie de retrouver une meilleure santé, alors, on est dans une meilleure position qu'il y a un an », confie Rob Wildeboer, président exécutif de Martinrea.

Quand il nous reçoit dans la salle du conseil - d'où on peut entendre les immenses presses former le métal de l'autre côté du mur - il est plus question d'occasions d'affaires que de déprime généralisée. « La restructuration était nécessaire », dit-il. Elle a permis de réduire la capacité de production, tant des grands de l'auto que de ceux qui leur fournissent des pièces. Les fabricants qui restent ont dû apprendre à être plus productifs, à survivre dans un marché plus petit.

« C'est devenu une crise de volume (de voitures produites) au lieu d'être une crise du crédit », dit-il.

Ce qui a fait la différence entre une année difficile et une hécatombe, insiste-t-il, c'est que les fournisseurs comme lui ont continué à être payés même si GM et Chrysler étaient devant les tribunaux, grâce à l'aide des gouvernements.

Dans la dernière année, Martinrea a fermé une usine à Kitchener - fermeture prévue avant la crise - mais en a aussi ouvert une autre à Ajax et en a acheté deux autres, une aux États-Unis et l'autre au Mexique.

Et l'avenir?

« Les choses s'améliorent. Pas beaucoup, mais elles s'améliorent », souligne M. Fedchun.

Aucun des deux hommes ne s'attend à ce que 2010 ramène l'industrie nord-américaine à ses niveaux de production de 15 millions de véhicules par année, comme c'était le cas avant la crise. « Je ne pense pas qu'on va revoir ça pour un bon bout de temps », souligne le président de l'association des fabricants de pièces.

Les deux s'entendent sur 12 millions à 13 millions de bolides à quatre roues produits cette année en Amérique du Nord.

Pour les années suivantes, M. Wildeboer, dont le quart des travailleurs sont postés dans des usines au Mexique, croit toutefois que les Mexicains achèteront davantage de véhicules. Un peu comme les employés de Ford ont contribué à la première poussée de croissance du constructeur en achetant les véhicules qu'ils fabriquaient.