Le Canada compte plus de femmes que d'hommes sur le marché du travail, selon l'étude annuelle sur la syndicalisation de Statistique Canada.

Pour la première fois dans l'histoire du pays, incluant la période des deux grandes guerres mondiales, le nombre de femmes qui occupent un emploi surpasse celui des hommes.

Concrètement, pour le premier semestre de 2009 qui s'est terminé le 30 juin, le nombre de femmes a été supérieur de 160 000 à celui des hommes. Ainsi, elles étaient 7,1 millions $ à occuper un emploi rémunéré, comparativement à 6,9 millions d'hommes qui travaillaient en échange d'un salaire.

L'enquête sur la population active de Statistique Canada révèle également que l'emploi continue de progresser à la fois chez les femmes âgées de 25 à 54 ans, mais également chez celles qui ont moins de 25 ans.

Mais il ne faut pas se réjouir trop rapidement, affirment des dirigeantes de syndicat, puisqu'il y a un revers à cette médaille.

Toutefois, selon des dirigeantes de syndicat du secteur infirmier et automobile, ces chiffres reflètent les congédiements et les compressions effectués dans les industries dominées par les hommes, et non les gains des femmes dans les secteurs d'emplois féminins.

Selon une représentante nationale pour les Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA), Laurell Ritchie, «personne ne devrait sabrer le champagne». Le rapport indique que l'emploi chez les femmes était en hausse de 0,6 pour cent, alors qu'au cours de la même période, il a diminué de 1,7 pour cent chez les hommes.

«Les hommes perdent des emplois, ils sont au chômage, ils prennent leur retraite anticipée alors que cela n'était probablement pas ce qu'ils avaient prévu, ou ils deviennent des travailleurs autonomes», a précisé Mme Ritchie.

«Avec les femmes, il y a eu des gains, notamment dans les secteurs de services, comme celui de la santé, où les femmes sont prédominantes.»

Mais les informations sur la population active excluent cependant les travailleurs indépendants et les chômeurs qui sont à la recherche active d'un emploi.

La directrice de l'Association des infirmières de l'Ontario, Lesley Bell, croit quant à elle que les femmes acceptent des emplois à temps partiel et n'importe quel travail qu'elles peuvent obtenir pour mettre de la nourriture sur la table pour leur famille.

Selon elle, les femmes gagnent seulement 71 cents pour chaque dollar gagné par les hommes. «Les femmes ont plus de travail mais elles sont généralement moins bien payées», a précisé Mme Bell.

Néanmoins, selon la directrice des programmes des femmes des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA), Julie White, ces données démontrent que la contribution des femmes à l'économie s'est considérablement accrue.

Une économiste de l'Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique, Marjorie Cohen, soutient que les pertes massives d'emplois dans les secteurs des ressources naturelles et de la fabrication expliquent en partie cette situation.