La Banque du Canada a prévenu mardi qu'elle était prête à intervenir pour empêcher le dollar canadien de poursuivre sur sa lancée des derniers mois.

Le sous-gouverneur de l'institution Timothy Lane a expliqué que l'économie était en pleine reprise, mais qu'un huard trop robuste pourrait freiner la relance.

Un dollar fort nuit aux exportateurs en rendant plus dispendieuses les exportations canadiennes à destination des États-Unis. Le dollar canadien a clôturé mardi à 92,1 cents US, en baisse de 0,75 cent US.

Certains acheteurs américains pourraient même cesser de faire affaire avec leurs fournisseurs canadiens et plutôt se tourner vers des entreprises des États-Unis ou d'outre-mer.

Le secteur de la foresterie a été particulièrement touché par la vigueur du dollar, qui a nui aux ventes de papier, de bois d'oeuvre et de produits de construction, et ainsi entraîné des mises à pied et la fermeture d'usines au Canada.

Toutes choses égales par ailleurs, a prévenu M. Lane, une vigueur persistante du dollar canadien réduirait la croissance réelle et retarderait le retour de l'inflation à la cible visée.

«Si une appréciation du dollar devait modifier la trajectoire du taux d'inflation projeté (...), il nous faudrait en tenir compte», a-t-il ajouté.

Ce n'est pas la première fois que la Banque s'inquiète des risques d'un huard fort. Le dollar a récemment surpassé la barre des 94 cents US après avoir plongé à 76,98 cents US le 9 mars. Mais le langage musclé utilisé par M. Lane démontre que la Banque du Canada est prête à intervenir, au besoin.

M. Lane a ensuite rappelé que «même si le taux directeur se situe à sa valeur plancher, nous conservons une flexibilité considérable grâce aux instruments de politique monétaire non traditionnels à notre disposition, y compris l'assouplissement quantitatif».

L'assouplissement quantitatif, qui verrait la Banque acheter des obligations gouvernementales du Trésor, aurait comme impact de réduire le rendement des obligations et d'abaisser les taux d'intérêt, rendant le huard moins attrayant pour les investisseurs mondiaux.

L'avertissement a été lancé lors d'un discours que livrait M. Lane devant l'Association canadienne de science économique des affaires à Kingston, en Ontario. Le texte du discours a été mis en ligne sur le site web de la Banque du Canada mardi après-midi.

M. Lane a répété les prédictions de la Banque voulant que l'économie canadienne renoue avec la croissance pendant le troisième trimestre, tout en prévenant que la survie de cette reprise nécessitera des choix judicieux de la part des banques centrales et des gouvernements.