Le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, estime que 100 000 emplois seront encore perdus, cet été, et qu'il n'y a eu aucune preuve jusqu'à maintenant que le plan de relance du gouvernement fédéral aura un impact sur l'économie du pays.

M. Page a affirmé aux journalistes, mercredi, que les 46 milliards de dollars qu'Ottawa s'est engagé à verser sur deux ans pour stimuler l'économie n'adouciront pas énormément les effets de la récession sur l'emploi, les revenus et la production au pays.

Et même si le gouvernement de Stephen Harper a publié sa mise à jour économique, en juin, en alléguant que «80 pour cent (des engagements) ont déjà commencé à être mis en oeuvre», M. Page a précisé qu'il n'était pas évident de déterminer à quel point la situation avait commencé à s'améliorer.

«C'est probablement trop tôt pour s'attendre à ce que le plan de relance ait un impact important, a-t-il affirmé. Il faudra attendre l'automne avant de commencer à en voir les effets. (...) Je pense que le gouvernement fournit des informations sur ses engagements. Quand on recevra les données (...), on verra le niveau de l'impact.»

Même si le plan de relance a les effets escomptés par le gouvernement, les 190 000 emplois qui devraient être épargnés ou créés, selon les prévisions du fédéral, auront néanmoins été éclipsés par les 453 000 emplois qui auront été perdus.

Les prévisions de M. Page sur l'emploi et l'économie font partie de l'évaluation de la conjoncture économique et fiscale sur cinq ans qui a été rendue publique, mercredi. Dans cette évaluation, le directeur parlementaire du budget s'est fié sur les plus récentes prévisions sur l'économie et sur la reprise qui suivra.

Certaines données rassemblées dans le document de M. Page avaient auparavant été divulguées aux journalistes par des députés, qui en avaient reçu un exemplaire en début de semaine. Le directeur du budget a toutefois présenté de nouvelles analyses des données, lors de sa conférence de presse mercredi.

M. Page a notamment indiqué que le ralentissement économique était au moins aussi grave que celui qui a frappé le Canada au début des années 1980 et 1990, et même pire à certains égards.

Mais quant aux effets à long terme, la présente récession ressemble davantage à celle de 1991-1992, dont le Canada avait mis des années à se remettre.

Selon le directeur du budget, l'économie canadienne ne retrouvera pas son plein potentiel avant l'année 2014, tandis que le taux de chômage national n'aura toujours pas retrouvé dans cinq ans la moyenne de 2008, qui était de 6,2 pour cent.

Par ailleurs, les répercussions du ralentissement pour le gouvernement fédéral sont sérieuses, a soutenu M. Page. Ottawa accusera des déficits budgétaires atteignant 155,9 milliards au cours des prochaines années ainsi qu'un déficit structurel avoisinant les 12 milliards, qui persistera même quand l'économie aura renoué avec la croissance.

Il y aura déficit structurel, ont expliqué les fonctionnaires du budget, parce que la capacité économique du pays se sera contractée pendant la récession, et en raison de l'introduction par le gouvernement d'une réduction d'impôt sur le revenu des entreprises à 15 pour cent d'ici à 2012.

Les déficits structurels se traduisent par un bilan financier qui demeure déficitaire à suite d'une récession, même lorsque l'économie fonctionne de nouveau à plein.

Pour sortir de cette spirale, les gouvernements doivent habituellement se résoudre à réduire leurs dépenses, à augmenter leurs revenus grâce à une hausse des impôts ou à d'autres mesures, ou encore à adopter l'une et l'autre de ces mesures.

Par ailleurs, M. Page a expliqué la divergence entre ses chiffres et ceux du budget de janvier du gouvernement fédéral - dans lequel les conservateurs avaient inscrits des déficits atteignant 85 milliards - par le fait que la récession a été beaucoup plus sévère que ce qui avait été anticipé en début d'année.