L'économie canadienne est encore en convalescence, mais elle se remet progressivement de ses graves problèmes de début d'année. En mai, huit provinces sur dix ont créé des emplois, signe que les remèdes administrés au malade font effet.

Dans ce portrait, cependant, une région tarde nettement à reprendre des couleurs : l'Ontario. Quelque 59 700 emplois y ont été perdus en mai, dont 47 000 dans le secteur de la fabrication, indique l'enquête de Statistique Canada dévoilée hier.

La plus grande province au Canada est notamment frappée par la restructuration du secteur automobile. À la fin avril, pendant ses recours devant les tribunaux, Chrysler a cessé de produire, mettant à pied des milliers d'employés. En Ontario, les usines de Brampton et de Windsor ont été temporairement fermées, provoquant des mises à pied, avec ses effets sur les fournisseurs et les commerces locaux.

Cette toux persistante de l'Ontario a fait grimper son taux de chômage à 9,4 % en mai, de 8,7 % qu'il était en avril. Les difficultés des Ontariens ont eu pour effet de faire grimper le taux de chômage canadien à 8,4 % en mai, en hausse de 0,4 point de pourcentage sur avril. Ce taux de 8,4 % est le plus élevé au pays depuis 11 ans.

Pendant ce temps, le Québec continue de bien faire. Certes, le mois de mai ne passera pas à l'histoire, avec une création nette de 5700 emplois, tous à temps partiel. Mais il faut savoir que ces nouveaux emplois s'ajoutent aux 22 400 du mois d'avril.

Malgré ces nouveaux emplois, le taux de chômage au Québec est passé de 8,4 % en avril à 8,7 % en mai, un phénomène qui s'explique par une augmentation de la population active ou, autrement dit, par une hausse du nombre de personnes qui cherchent du travail.

Les gains au Québec ont été enregistrés dans les secteurs de l'information, de la culture, des loisirs et de l'enseignement, notamment. Contrairement à l'Ontario, il n'y a pas eu de pertes dans le secteur manufacturier et celui de la construction.

Le pire est passé

La majorité des économistes s'entendent pour dire que le pire est derrière nous. Les pertes d'emplois globales sont de moins en moins prononcées chaque mois depuis le début de l'année «Visiblement, les prochains mois pourraient être marqués par des pertes moins importantes. Cela confirme que le pire de la récession est derrière nous», fait valoir Benoit Durocher, un des économistes principaux du Mouvement Desjardins.

Même son de cloche à la Financière Banque Nationale. «Les exportations canadiennes devraient bientôt augmenter d'après notre scénario d'une reprise de l'économie américaine dans la deuxième moitié de l'année. Le marché de l'emploi est donc sur le point de reprendre», dit l'économiste Yanick Desnoyers.

Malgré la reprise économique attendue à l'automne, le chômage pourrait cependant continuer de grimper, fait valoir l'économiste Sherry Cooper, de la Banque de Montréal, qui s'attend même à un sommet du chômage à la mi-2010. Selon la théorie économique, le chômage ne diminue pas instantanément avec la reprise parce que les entreprises attendent d'être certaines de l'embellie avant de réembaucher.

Dans sa boule de cristal, Benoit Durocher voit que l'été ne sera pas facile, notamment en Ontario, qui continuera d'être affecté par la restructuration de Chrysler et de GM. Néanmoins, l'automne sera plus rose, au terme de la restructuration de ces entreprises sous la protection de la loi sur la faillite.

Les 5700 emplois de mai au Québec correspondent à une augmentation de 0,1 point de pourcentage de l'emploi. En comparaison, cette hausse est de 0,8 point en Nouvelle-Écosse, de 0,6 point au Manitoba et en Saskatchewan et de 0,3 point au Nouveau-Brunswick.

Les 59 700 emplois détruits en Ontario correspondent à un recul de 0,9 point de pourcentage. Depuis le sommet de l'automne dernier, l'Ontario a perdu 244 900 emplois, 10 fois plus que les 28 100 postes au Québec.

Dans ce portrait, Montréal détonne, toutefois. Son taux de chômage est passé de 8,9 % en avril à 9,4 % en mai. Et dans les scénarios des économistes, une inconnue demeure : dans quelle mesure la remontée du dollar canadien affectera-t-elle la reprise attendue ?