Le premier ministre Stephen Harper souhaite que les trois partenaires de l'Accord de libre-échange nord-américain examinent les moyens pour éviter que les municipalités et États américains adoptent des mesures protectionnistes dans leurs appels d'offres.

M. Harper a exprimé son inquiétude, mercredi, devant la multiplication de ce genre d'initiatives aux États-Unis où les administrations, autres que le gouvernement fédéral, ferment leurs marchés publics à certaines entreprises étrangères.

Aucune discussion entre les États-Unis, le Canada et le Mexique n'est en cours, mais M. Harper croit que le sujet devrait être abordé, notamment parce que le protectionnisme risque de nuire à la reprise économique internationale.

«Ce n'est pas une suggestion formelle. Jusqu'à maintenant, il n'y a pas de discussions formelles, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Mais à une époque où nous cherchons à éviter un étapisme de protectionnisme, on devrait examiner cette question.»

En vertu de l'ALENA, les gouvernements nationaux sont les seuls à devoir ouvrir leurs appels d'offres aux entreprises étrangères.

Les autres juridictions, qu'il s'agisse d'États, de provinces ou de municipalités, disposent toutefois d'un recours pour limiter cet accès.

M. Harper a affirmé que le Canada et l'Europe négocient actuellement un accord de libre-échange transatlantique avec pour objectif que les entreprises étrangères puissent soumettre des propositions aux appels d'offres d'administrations autres que nationales.

«Nous sommes en train d'examiner cette question et nous espérons en arriver à l'abolition de telles préférences dans notre échange transatlantique, a-t-il dit. Je pense que c'est une idée intéressante d'examiner la même chose dans l'ALENA.»

M. Harper était de passage à Québec, mercredi, où il a annoncé que le gouvernement fédéral investira 12 millions $ dans un centre de recherche spécialisé dans la commercialisation des produits d'optique.

En soirée, M. Harper devait participer à un dîner officiel organisé par le premier ministre Jean Charest, en marge d'une rencontre réunissant des premiers ministres de provinces canadiennes ainsi que des gouverneurs américains et mexicains.

M. Harper a affirmé qu'à cette occasion, il avait l'intention de manifester sa préoccupation devant la multiplication des mesures protectionnistes dans les États et municipalités.

«Je m'attends à une discussion ce soir (mercredi) mais on a beaucoup de choses à faire pour vraiment régler ce problème», a-t-il dit.

Charest dénonce les réflexes protectionnistes

De son côté, le premier ministre du Québec Jean Charest a fait une sortie, mercredi, contre les réflexes protectionnistes des Américains.

Selon lui, nos voisins du Sud «se tirent dans le pied» en adoptant des mesures protectionnistes destinées à favoriser leur marché et à maintenir leurs emplois.

Dans les faits, certaines entreprises des États-Unis ne pourront réaliser certains projets, a-t-il soutenu, faute d'être approvisionnées en biens ou en services provenant du Canada ou d'ailleurs.

L'économie nord-américaine est tellement intégrée que les politiques d'achat local («Buy America») en deviennent absurdes, a-t-il fait valoir en conférence de presse.

M. Charest veut que le gouvernement central américain fasse pression à la fois sur les administrations municipales et les États pour qu'ils appliquent eux aussi les dispositions de l'ALENA (accord de libre-échange nord-américain).

L'administration du président Barack Obama «doit absolument poser des gestes» en ce sens, selon le premier ministre.

Il a rappelé que le président Obama s'était engagé à respecter les accords de commerce international.

«Le président américain doit envoyer un signal» pour que tous les paliers de gouvernements des États-Unis comprennent qu'il n'y a «qu'une grande économie nord-américaine».

Le premier ministre a fait ces commentaires en marge du Sommet des leaders, une conférence internationale de promotion du libre-échange nord-américain.

«Ce qui peut paraître une solution à très court terme n'en est pas une soutenable, ni à moyen, ni à long terme», a-t-il ajouté.

L'ALENA est en vigueur depuis maintenant 15 ans.