La rémunération des hauts dirigeants du groupe Power (T.POW) et de sa proche filiale Financière Power (T.PWF) a totalisé 50 millions de dollars en salaires et primes diverses durant l'exercice 2008.

Ce montant représente une hausse de 43%, ou de 15 millions, par rapport à l'exercice précédent, selon un examen des circulaires de direction des deux entreprises tout juste envoyées à leurs actionnaires.

On y constate aussi que le conseil d'administration de Power, dirigé par Paul Desmarais et ses deux fils, rejette la tenue d'un vote consultatif des actionnaires sur la rémunération des hauts dirigeants.

Si ce refus persiste jusqu'à l'assemblée du 13 mai prochain à Montréal, la société Power, aussi propriétaire de La Presse, se retrouverait à contre-courant de plusieurs grandes sociétés financières au Canada qui ont consenti récemment à de tels votes consultatifs.

Entre-temps, la hausse de rémunération des dirigeants du groupe en 2008 provient surtout des bonis multimillionnaires qui ont été consentis au nouveau président et chef de la direction de la Financière Power, Jeffrey Orr, et à son prédécesseur, Robert Gratton.

Parce que du côté des deux principaux dirigeants actifs et actionnaires de Power, les frères André et Paul Desmarais Jr., leur rémunération totale a diminué en 2008 par rapport à l'exercice précédent.

(Ces variations découlent de la transposition aux données de 2007 du facteur d'évaluation des options d'achat d'actions utilisé par Power et la Financière Power dans leur circulaire pour 2008.)

André Desmarais a été rémunéré 5 millions chez Power et 1,77 million à la Financière Power, soit une baisse respective de 7% et de 15% par rapport à 2007. Paul Desmarais Jr. a été rémunéré 5,1 millions chez Power et 2,07 millions à la Financière Power, en baisse de 4 % et de 3 % respectivement par rapport à l'exercice précédent.

Par ailleurs, à la haute direction de la Financière Power, la rémunération du président Jeffrey Orr a plus que doublé à 11,2 millions en 2008.

M. Orr a profité d'un gain salarial avec sa promotion en mai 2008. Mais surtout, il a obtenu 6 millions en primes diverses (espèces, actions, options), trois fois plus qu'en 2007.

Ces primes lui ont été consenties même si le bénéfice net de la Financière Power a reculé de 34% à 1,3 milliard en 2008, et que sa valeur boursière s'est affaissée de 40%.

Pour sa part, le prédécesseur de M. Orr à la présidence, Robert Gratton, a été rémunéré 11,4 millions en 2008 malgré son départ à la retraite en mai.

Cette rémunération de M. Gratton pour ses cinq derniers mois en poste s'avère aussi deux fois plus élevée que celle de tout l'exercice précédent.

Aussi, la circulaire de la Financière Power confirme que la retraite de M. Gratton sera plutôt aisée.

D'une part, sa prestation de retraite débute à 3 millions par an. D'autre part, M. Gratton détient huit millions d'actions qui, malgré leur rechute en Bourse, lui rapportent 10,9 millions par an en dividendes, au taux actuel.

Enfin, l'ex-président de la Financière Power détient des options pour l'achat de 6,9 millions d'actions additionnelles à prix préférentiel.

Et de ce nombre, trois millions d'options sont exerçables d'ici août 2010 à un prix de levée - 13,50 $ par action - qui augure d'un bénéfice immédiat d'au moins 22 millions, selon le cours des actions de la Financière Power (21 $) à la Bourse de Toronto.