Un investisseur dont le portefeuille vient de fondre comme neige au soleil devrait se préoccuper au plus haut point de ce qui se passe en Bourse. En principe. Mais ce ne sont pas les marchés boursiers qui tracassent M. et Mme Tout-le-monde; c'est plutôt l'impôt qu'ils auront à payer une fois à la retraite.

Cette constatation vient d'une série de sondages réalisés pour le Groupe Investors auprès d'un peu plus d'un millier de Canadiens. Une majorité d'entre eux (46%) estiment que l'impôt est une plus grande menace à leur sécurité financière que le faible rendement des marchés boursiers (39%).

 

Ce résultat surprenant, Bruno Therrien, directeur régional du Groupe Investors à Sherbrooke, l'explique ainsi: «Les gens se disent les marchés boursiers ont dégringolé, mais ils vont remonter, alors que l'impôt ne va pas diminuer.»

Au contraire, en raison du vieillissement de la population et de l'augmentation des coûts des soins de santé, les impôts risquent d'augmenter, craignent les futurs retraités. La réapparition des déficits dans les budgets du gouvernement fédéral et des provinces vient renforcer cette crainte. «Dans le meilleur des scénarios, les déficits ne peuvent pas faire diminuer les impôts», reconnaît le planificateur financier.

Selon Bruno Therrien, les sondages confirment année après année que l'impôt est la plus grande préoccupation des investisseurs. C'est aussi un élément sur lequel on peut exercer un certain contrôle, dit-il, puisqu'il existe des outils pour aider les investisseurs à réduire leurs charges fiscales. La deuxième préoccupation constante est l'inflation, qui vient gruger les revenus des retraités. Dans cette dernière série de sondages, le faible rendement des marchés boursiers vient à l'avant-dernier rang des préoccupations (39%), devant la perte de son emploi (33%).

Au Québec, les personnes interrogées se sont dites plus inquiètes de l'évolution des marchés boursiers (42%) que dans l'ensemble du Canada (39%). C'est probablement à cause de la performance désastreuse de la Caisse de dépôt qui a fait les manchettes lorsque le dernier sondage a été réalisé, entre le 5 et le 8 mars, explique le planificateur financier.

Le rendement de la Caisse de dépôt affecte tout le monde, même ceux qui n'ont pas d'épargne puisque l'institution gère l'argent de plusieurs organismes publics comme la Régie des rentes et la Société d'assurance-automobile du Québec.

Parmi ceux qui ont des épargnes, beaucoup n'osent même plus ouvrir les relevés de placement qu'ils reçoivent. «C'est probablement la meilleure chose à faire, si ça vous empêche de dormir, dit Bruno Therrien, parce que si vous avez investi à long terme, ça va remonter.»