Les Maple Leafs n'ont pas fait de Teachers' la première caisse de retraite à gagner la Coupe Stanley. Qu'importe, ils demeurent l'un des meilleurs investissements de son histoire. Depuis 15 ans, l'équipe de hockey torontoise a rapporté un rendement annuel composé d'environ 18% à Teachers', selon nos calculs.

Teachers' a acheté 49% des Maple Leafs et du vieux Maple Leaf Garden en 1994 au coût d'environ 50 millions. La caisse de retraite des enseignants ontariens a ensuite augmenté sa participation à 58,4% des actions en 2003. En décembre dernier, la valeur de Maple Leafs Sports and Entertainment (MLSE) a été évaluée à 1,2 milliard par deux propriétaires minoritaires - le magnat de l'immobilier Larry Tanenbaum et CTVglobemedia - qui se sont échangés des actions.

 

En se basant sur ces chiffres, Teachers' a ainsi réalisé un rendement de 1100% sur ses actions achetées en 1994. Il s'agit d'un rendement annuel composé de 18% depuis 15 ans. Selon d'autres évaluations provenant du milieu bancaire torontois et rendues publiques par le Globe and Mail en novembre dernier, MLSE vaudrait 1,6 milliard de dollars. Le rendement annuel composé de Teachers' sur son investissement initial dans MLSE en 1994 serait alors de 20,6%.

«Les Maple Leafs ont d'ailleurs été une très bonne affaire pour Teachers', dit Philip Merrigan, professeur d'économie à l'UQAM. Sur une longue période, les équipes de sport professionnel ont généralement des rendements plus faibles que ceux des marchés boursiers. Mais elles peuvent être des investissements intéressants pour une caisse de retraite qui veut se diversifier.»

Comme ses autres placements privés, la caisse de retraite ne discute pas de la valeur de son investissement dans l'équipe de hockey chérie des Torontois. «Nous sommes actionnaires des Leafs depuis plusieurs années et nous sommes satisfaits de notre investissement», dit Deborah Allen, porte-parole de Teachers'.

Cas unique

Teachers' détonne dans le milieu du sport professionnel nord-américain, généralement réservé aux entrepreneurs multimillionnaires et aux grandes familles fortunées. Selon les experts consultés par La Presse Affaires, la caisse de retraite ontarienne est d'ailleurs la seule caisse de retraite à contrôler une équipe de sport professionnel en Amérique du Nord.

La caisse de retraite ontarienne a investi dans les Maple Leafs en 1994 en achetant les actions de l'homme d'affaires Steve Stavro, qui a fait fortune avec une chaîne d'épiceries, Knob Hill Farms (la chaîne a fermé en 2001). M. Stavro avait lui-même acheté l'équipe en payant certaines dettes de la succession de l'ancien propriétaire, le coloré Harold Ballard.

Sous le règne de Teachers', la société MLSE est devenue bien plus qu'une équipe de hockey. En plus des Maple Leafs, l'entreprise possède aujourd'hui une équipe de basketball de la NBA (les Raptors), une équipe de soccer de la MLS (le Toronto FC), une deuxième équipe de hockey (les Marlies, le club-école des Leafs), trois stades sportifs, deux réseaux de télévision et un complexe immobilier au centre-ville de Toronto qui sera complété en 2010.

Le succès de Teachers' avec les Maple Leafs encouragera-t-il d'autres caisses de retraite à investir dans le sport professionnel? Philip Merrigan en doute. «Je n'aurais aucun problème à ce que ma caisse de retraite le fasse, mais personne ne semble pas vouloir suivre l'exemple de Teachers', dit le professeur en économie à l'UQAM. Il faut dire que Teachers' avait investi 50 millions à l'époque. Aujourd'hui, il faudrait payer 300 ou 400 millions pour une équipe comme le Canadien. C'est beaucoup d'argent.»

«Même si ses perspectives d'affaires sont intéressantes, le sport professionnel est une industrie qui comporte quand même une part de risque, ajoute Philip Merrigan. Et dans le contexte actuel, les caisses de retraite font très attention aux risques qu'elles prennent.»