Une hausse-surprise des reventes de maisons aux États-Unis. Des consommateurs canadiens un peu moins pessimistes qu'avant. On a même eu droit à une mégatransaction entre Suncor (T.SU) et Petro-Canada (T.PCA)! S'il est un peu tôt pour sortir dans les rues en dansant d'allégresse, la tempête économique a tout de même laissé entrevoir quelques rares signes d'éclaircie, hier.

Peut-on au moins sortir le champagne? «Non, s'empresse de répondre Benoit Durocher, économiste au Mouvement Desjardins. Gardez-le au frais encore un peu...»

 

«Ça faisait quand même plusieurs mois qu'on n'avait pas vu un lot si important de bonnes nouvelles en même temps», admet tout de même l'économiste.

La plus significative est peut-être venue hier des États-Unis, où la revente de maisons a connu un rebond de 5,1% en février. Certains Américains semblent vouloir profiter des bas taux hypothécaires et de la chute du prix des maisons pour recommencer à se magasiner une résidence. Au Québec, l'indice de l'habitation de Desjardins a aussi connu une hausse de 1,1% en février, sauvé ici aussi par la baisse des taux hypothécaires.

Autre signe encourageant: les consommateurs canadiens, s'ils continuent d'être déprimés, ont au moins vu leur état cesser d'empirer. L'indice de confiance du Conference Board a même connu une très légère hausse en mars, gagnant 2,7 points pour atteindre 71,5 points (on est encore loin des 100 points d'avant la crise).

Ces lueurs d'espoir, aussi minces soient-elles, s'ajoutent à quelques autres observées la semaine dernière. On a appris mardi dernier que les mises à chantier avaient connu un rebond aux États-Unis (22% entre janvier et février). Puis, vendredi, Statistique Canada nous annonçait que les ventes au détail avaient augmenté de 1,9% en janvier.

«On ne peut pas conclure immédiatement à un rebond de l'économie nord-américaine seulement avec ces données, avertit Benoit Durocher. Pour conclure que la tendance s'est vraiment renversée, il faut plus qu'un mois d'augmentation.»

M. Durocher souligne aussi que les indicateurs économiques étaient tombés à un si bas niveau qu'il n'est pas très difficile de leur faire gagner quelques points de pourcentage.

«À la fin de 2008, on tombait en chute libre. Depuis quelques jours, on a l'impression que le parachute est ouvert. La chute est moins prononcée, sauf qu'on continue quand même de tomber», résume l'économiste.

Comme pour signifier que le flot de mauvaises nouvelles n'est pas terminé, Statistique Canada nous apprenait hier que l'indice avancé composite a fléchi de 1,1% en février, après avoir reculé de 0,9% en janvier. Cet indice regroupe 10 indicateurs économiques, du logement à l'emploi en passant par la Bourse, la fabrication industrielle et le commerce de détail. Rien de moins que neuf des 10 indicateurs ont piqué du nez.

Les économistes de la Banque Nationale, qui avouent être actuellement parmi les plus optimistes au pays, croient quand même que la hausse de 5,1% de la revente de maisons annoncée hier aux États-Unis veut bel et bien dire quelque chose.

«C'est un peu le coup de départ de la reprise, dit Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint à la Nationale. Je ne vous dis pas que l'économie américaine est en reprise présentement - on va avoir un recul du produit intérieur brut (PIB) très négatif au premier trimestre, et probablement un autre recul au deuxième trimestre. Mais on est en train de semer les graines d'une stabilisation des prix des maisons.»

Le scénario que voit se dessiner M. Desnoyers est simple. Aux États-Unis, la baisse des taux hypothécaires combinée à la chute du prix des maisons fait maintenant en sorte que «par rapport aux revenus des gens, les maisons n'ont jamais été si peu chères de toute l'histoire américaine».

M. Desnoyers fait le pari que plusieurs locataires feront le saut vers la propriété, ce qui contribuera à relancer la machine immobilière.

«Et, historiquement, un ou deux trimestres après la reprise de l'immobilier, on voit une reprise de l'économie en général», dit l'économiste.

Quant à l'acquisition de Petro-Canada par Suncor, elle est loin de s'inscrire dans une tendance. Ian Macdonell, directeur général de Crosbie&Company, a confirmé à La Presse Affaires que les fusions et acquisitions sont encore en panne sèche au pays, et que les statistiques du début de l'année 2009 risquent d'être encore plus faibles que celles de la fin de 2008.