Actuellement, le centre-ville de Calgary abrite d'innombrables édifices à bureaux, tous aussi carrés les uns que les autres. Mais le paysage architectural de la ville changera bientôt à jamais.

Depuis juin 2007, un millier de travailleurs s'affairent à ériger le Bow, un édifice à bureaux de 58 étages et 236 mètres de hauteur qui doit être inauguré en 2011. Le Bow sera le sixième édifice le plus élevé au pays. Aucun édifice à l'extérieur de Toronto ne touchera le ciel aussi haut.

Mais ce qui fera la renommée du Bow, ce n'est pas tant sa hauteur que son design audacieux en demi-lune. « C'est l'édifice qui va redéfinir Calgary. Peu importe où vous serez, c'est ce que vous verrez en premier. Le Bow est l'exemple parfait que Calgary s'intéresse à l'architecture. Ce n'est pas une tour à bureaux carrée comme on en voit partout », dit Michael Brown, vice-président de Matthews Development, l'entreprise du Texas en charge de construire le Bow.

Pour les gens de Calgary, le Bow - un clin d'oeil à la rivière Bow qui traverse la ville - sera le nouveau visage de la ville, un peu comme la Tour du CN à Toronto et le Stade olympique à Montréal. Mais pour l'entreprise de gaz naturel EnCana, le projet de 1,4 milliard sera simplement un lieu de travail. EnCana sera le seul locataire du Bow. Ses employés occuperont les 58 étages de l'édifice durant au moins 25 ans, la durée du bail initial. « Ça impressionne les gens que je rencontre à l'étranger, dit Michael Brown. Il y a plusieurs tours impressionnantes au Moyen-Orient, mais aucune d'entre elles n'abrite un locataire unique. »

Présentement, les employés d'EnCana sont éparpillés dans six édifices du centre-ville. Un casse-tête logistique quand vient le temps d'organiser des réunions. En 2011, tous les employés d'EnCana déménageront au Bow. « Le Bow a été construit afin d'améliorer notre productivité, dit Gerry Protti, vice-président aux affaires corporatives d'EnCana. Nous voulions un édifice attirant et fonctionnel pour que nos employés aient hâte de venir travailler le matin. »

EnCana doute que le Bow vole la vedette aux autres symboles architecturaux de la ville, la Tour de Calgary et Bankers Hall. « Nous sommes fiers et nous avons hâte d'inaugurer le Bow en 2011, mais Calgary a déjà beaucoup de symboles, fait valoir M. Protti. L'important, c'est que Calgary ne revive pas une période comme les années 1980, où les gens voyaient les édifices vides ou construits à moitié en raison de la récession et du programme énergétique du gouvernement fédéral. »

La récession secouant l'économie canadienne n'aura pas raison du Bow, mais l'immense chantier au centre-ville de Calgary a néanmoins été affecté. Durant les Fêtes, les travaux ont été interrompus durant deux semaines par le propriétaire du Bow, la fiducie H&R Real Estate Investment, qui peinait à trouver les 200 millions nécessaires afin de continuer la construction. Michael Brown minimise la portée de cet incident. « C'est vrai que nous avons économisé de l'argent en fermant le chantier durant les vacances de Noël, mais nous avons seulement perdu trois jours de travail en raison des jours fériés, dit-il. En plus, nous n'avons plus d'acier car nous avions pris de l'avance en raison de la température clémente l'automne dernier.»

L'ingénieur originaire de Calgary est optimiste de pouvoir mener son projet à terme avant l'échéancier initial de la fin 2011. Entre-temps, Michael Brown savoure chaque minute de cette aventure avec l'intention avouée de collectionner des histoires à raconter à sa progéniture. « Je me rappelle encore les histoires que mon grand-père me racontait sur l'inauguration de la Tour de Calgary, dit-il. Il était présent comme policier. Le Bow, c'est l'édifice qui va marquer la vie de mes enfants. »

DEMAIN

- La récession accueillie avec détachement au royaume des pétro-dollars.

SAMEDI

- L'industrie pétrolière à l'ère de la décroissance