Après s'être maintenu près d'un mois au-dessus du seuil des 80 cents US, le dollar canadien a replongé hier. Handicapé par des faibles prix du pétrole et des matières premières, il a surtout été incapable de résister à la ruée des investisseurs vers le billet vert.

Le huard s'échangeait à 79,13 cents US en fin de séance hier, une baisse de 1,27 cent US, ou 1,6%. Mais il ne faut pas s'attendre à un recul beaucoup plus prononcé, soutiennent les spécialistes consultés par La Presse Affaires.

 

La performance du dollar américain, une des valeurs refuges les plus prisées, joue contre la devise canadienne. «Depuis lundi, il y a une tendance forte à l'achat de dollars américains, observe Guy Phaneuf, directeur des instruments de dette chez BMO Marchés des capitaux. Il existe une crainte que les banques européennes soient réellement dans le trouble en raison de prêts faits en Europe de l'Est. Des investisseurs craignent une autre crise bancaire et financière et se réfugient dans le dollar US.»

Les perspectives économiques canadiennes n'offrent pas de grand soutien.

«Le dollar canadien était bien soutenu dans l'espoir d'un rebond économique vers la fin de l'été, dit François Barrière, vice-président des marchés internationaux à la Banque Laurentienne. Mais depuis le 6 février, on a pris une claque avec les statistiques sur l'emploi, la balance commerciale et les livraisons manufacturières.»

«Le marché a un peu de difficulté à entériner les suggestions que le Canada va s'en tirer relativement rapidement», note Frédéric Mayrand, premier vice-président, taux d'intérêt et changes, chez BNP Paribas. Selon lui, le dollar pourrait descendre jusqu'à 77 cents US, mais ne devrait pas faiblir davantage. Guy Phaneuf, de BMO Marchés des capitaux, évoque une fourchette de 77 cents US à 82,5 cents US.

Sur un fil

Quant à François Barrière, il continue à croire que le dollar est «sur le fil».

«On marche sur un fil et on va tomber d'un bord ou l'autre, dit-il. D'un côté, les choses s'améliorent dans trois à six mois, notamment dans l'immobilier américain, la Chine prend du mieux, le prix des matières premières se stabilise et remonte, et le dollar canadien prend de la force. De l'autre côté, on se retrouve encore dans six mois à se demander ce qui se passe, quand ça va reprendre, et le dollar canadien est à la baisse.»

«Pour l'instant, j'ai encore espoir que, dans six mois, on se parlera de nouvelles un peu plus radieuses», précise M. Barrière.