Le village des athlètes qui surgit de terre à Vancouver en prévision des Jeux olympiques d'hiver de 2010 projette de l'ombre sur la situation financière de la ville.

Ainsi, Vancouver devra peut-être emprunter 458 millions de dollars ou plus pour finir les 1100 appartements d'ici novembre prochain, a indiqué le maire Gregor Robertson au cours d'une conférence de presse ce mois-ci. Cela doublerait presque la dette de la Ville à environ 928 millions, précise Stephen Ogilvie, analyste de Standard&Poor's à Toronto. La firme d'évaluation de crédit a annoncé le 13 janvier dernier qu'elle pourrait abaisser la cote de Vancouver, qui est présentement de AA».

 

La Ville a pris en charge le financement du complexe immobilier de 1,1 milliard après que le prêteur new-yorkais Fortress Investment Group eut cessé de financer le constructeur lorsque les coûts ont dépassé le budget de 125 millions.

Cela n'est pas sans rappeler aux contribuables le fiasco de taille olympique vécu par les Québécois et plus particulièrement les Montréalais en 1976, une dette de 1,5 milliard qui n'a été remboursée qu'après des décennies.

«Les dépassements de coûts deviennent ridicules», lance Laurence Giovando, 85 ans, scientifique à la retraite en désignant le village dans le centre de Vancouver. «Nous avons trop de problèmes dans cette ville», ajoute-t-il.

Le prix total que devront payer les contribuables pour les Jeux s'élève à environ 5,84 milliards, à être épongé par tous les ordres de gouvernement, indiquait vendredi dernier le Vancouver Sun. Ce total comprend 883 millions pour un centre de congrès, 1 milliard pour améliorer l'autoroute Sea-to-Sky qui mène à la station de ski Whistler, et 2 milliards pour une ligne de métro vers l'aéroport de Vancouver.

«Les Jeux olympiques sont tout simplement une entreprise à but non lucratif», constate Kevin Wamsley, historien spécialiste des Jeux olympiques et ancien chef du International Centre for Olympic Studies à la University of Western Ontario, à London.

Les citoyens de toutes les villes hôtesses des Jeux olympiques - Turin, Salt Lake City, Atlanta et Calgary, parmi d'autres - finissent par subventionner les Jeux, dit-il.

À Montréal, les retards dans la construction et des conflits ouvriers ont marqué les préparations. Les contribuables ont dû payer la note, surtout pour le Stade olympique, et la dette ne s'est pas éteinte avant 2006, selon Sylvie Bastien, porte-parole de la Régie des installations olympiques.