Les appels à l'aide avaient fusé de tous les secteurs et le gouvernement de Stephen Harper, contrairement à ses habitudes, a décidé de les écouter. Résultat, le budget d'hier accorde plus de 4 milliards aux entreprises, petites et grandes, qui s'ajoutent aux baisses d'impôts déjà annoncées.

Ça paraît beaucoup, mais l'industrie automobile à elle seule a déjà obtenu 4 milliards du gouvernement du Canada et de celui de l'Ontario juste avant Noël. Tous les autres secteurs d'activités auront donc la même somme à se partager, ce que le gouvernement Harper juge suffisant pour traverser la crise.

 

Outre de légères baisses d'impôts pour les petites entreprises, qui coûteront 125 millions sur deux ans, la plus importante des mesures contenues dans le plan d'action du gouvernement est une déduction de 100% pour l'achat d'ordinateurs qui s'applique à toutes les entreprises et dont l'objectif est de les rendre plus compétitives à long terme. Coût: 695 millions sur deux ans et il faudra faire vite pour en profiter, parce qu'elle prendra fin le 1er février 2011.

Comme l'avaient réclamé les manufacturiers d'un océan à l'autre, l'application temporaire de la déduction pour amortissement au taux accéléré de 50% est prolongée, ce qui devrait favoriser les investissements en machinerie dans les usines canadiennes.

Ottawa a aussi décidé d'abolir les tarifs douaniers sur une partie des machines et équipements importés, notamment dans les secteurs de la forêt, de l'énergie et de la transformation des aliments. Le gouvernement se prive ainsi de 169 millions de revenus sur deux ans.

Ottawa reconnaît que l'industrie de la forêt souffre beaucoup et il propose de l'aider à concevoir de nouveaux produits et à conquérir d'autres marchés. Avec 170 millions sur deux ans, le secteur forestier devra se débrouiller pour fabriquer des produits au contenu technologique plus élevé et pour commercialiser ces produits à l'étranger.

Le secteur agricole recevra 190 millions d'argent fédéral pour s'ajuster aux nouvelles conditions du marché, notamment en réduisant les coûts de production.

Sables bitumineux propres?

Le gouvernement albertain espérait une aide fédérale pour contrer la dégringolade rapide de son secteur pétrolier, et surtout de l'industrie des sables bitumineux qui souffre de la crise du crédit et de la baisse du prix du brut.

Le budget d'hier vient en aide à l'industrie pétrolière, mais peut-être pas de la façon attendue. Il s'adresse à l'aspect environnemental de la production industrielle. Ottawa propose de consacrer 200 millions par année au développement de technologies énergétiques propres, comme le captage et le stockage du carbone issu de l'extraction des sables bitumineux.

Les entreprises qui investiront dans ces technologies auront droit à une déduction pour amortissement accéléré dont les détails seront précisés après consultation.

Le gouvernement a aussi décidé de donner un coup de pouce au projet de gazoduc de la vallée du fleuve Mackenzie en consacrant 37,6 millions aux évaluations environnementales du projet.

Du côté des mines, qui subissent également l'impact de la crise du crédit et de la baisse des prix des métaux, un autre coup de pouce viendra de la prolongation du crédit d'impôt à l'exploration, qui devait prendre fin le 31 mars prochain.

Ce crédit d'impôt de 15% sera prolongé d'un an, jusqu'en mars 2011, et les fonds accumulés grâce à lui pourront être dépensés jusqu'à la fin de 2012. Cette mesure coûtera 55 millions de plus au gouvernement.

Dans son budget d'hier, le gouvernement conservateur fait preuve d'une générosité exceptionnelle à l'égard d'une activité souvent délaissée, la construction navale. Il accordera 49 millions aux chantiers navals au cours des deux prochaines années pour la construction de nouveaux navires et la réfection de navires existants. L'industrie spatiale canadienne aura droit à 80 millions supplémentaires sur deux ans pour continuer le développement de robots.

 

Nucléaire à vendre?

La rumeur courait depuis un certain temps et le budget d'hier la confirme. Énergie atomique du Canada (EACL) pourrait être privatisée, du moins en partie, après un examen pour s'assurer que l'entreprise «demeure pertinente dans le contexte de l'évolution du marché». Voilà qui devrait intéresser SNC-Lavalin, dont le président Jacques Lamarre s'est déjà dit prêt à acquérir une participation dans l'entreprise. En plus, avant de la vendre, Ottawa verse 292 millions à EACL pour la mise au point du réacteur CANDU avancé et le fonctionnement des laboratoires de la centrale de Chalk River en Ontario. -Hélène Baril

 

AIDE DE 175 MILLIONS À LA CONSTRUCTION NAVALE

Reconnaissant une baisse de l'activité dans la construction navale, le gouvernement fédéral entend stimuler ce secteur en y investissant 175 millions de dollars. Cette somme servira à l'acquisition de 98 nouveaux navires et à la réfection de 40 autres embarcations. L'achat de 98 navires se détaille comme suit: 60 petites embarcations et 30 barges d'intervention environnementale pour la Garde côtière, cinq navires de sauvetage basés un peu partout au pays (dont un à Québec), deux navires scientifiques pour la recherche en eaux côtières (un à Mont- Joli) et un navire de recherche halieutique. Quant aux projets de réfection, ils permettront de prolonger la vie de certains navires, en l'occurrence: travaux majeurs (remplacement de la coque, des systèmes de propulsion et génératrices) sur cinq navires de la Garde côtière dont le NGCC Tracy basé à Québec et travaux moins importants sur 35 autres bateaux dont sept au Québec. Les contrats n'ont pas encore été conclus. Mais les travaux auront lieu au Canada et dans les régions où les navires ont leur port d'attache lorsque cela sera possible. Par ailleurs, à travers la grappe de mesures annoncées pour renforcer les infrastructures, le ministre Flaherty a platement indiqué que « les plans de reconstruction du magnifique manège militaire de Québec progresseront «. En termes un peu plus concrets, le budget 2009 prévoit une enveloppe de 2 millions de dollars pour établir un «plan d'avenir» concernant l'édifice ravagé par un incendie au printemps 2008. -André Duchesne