Les 3500 concessionnaires d'autos du Canada, dont les 850 du Québec, dénoncent la frilosité des banques qui leur ferment le robinet du crédit, tout comme aux automobilistes.

C'est le pire temps pour faire ça, déclare à La Presse Affaires le président et chef de la direction de l'Association canadienne des concessionnaires d'automobiles (CADA), Richard Gauthier, tout comme Jacques Béchard, président-directeur général de la Corporation des concessionnaires du Québec (CCAQ).

Ottawa et Toronto aident les constructeurs de véhicules afin de relancer l'économie, mais les banques assoiffent les concessionnaires et leurs clients, déplore Richard Gauthier.

Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, «est mécontent des banques et reçoit énormément de plaintes contre elles». Le président de la CADA «ne serait pas surpris» que le ministre ait passé un savon aux banquiers au cours de leur réunion d'hier, avant le prochain budget fédéral.

Le téléphone de Richard Gauthier «ne dérougit pas, les plaintes pleuvent tous les jours» de la part des détaillants de l'industrie qui emploie un travailleur sur sept au Canada, note-t-il.

Un peu avant Noël, le président de la CADA a d'ailleurs rencontré non seulement Jim Flaherty, mais aussi le premier ministre du Canada, Stephen Harper, et le ministre fédéral de l'Industrie, Tony Clement, pour desserrer le goulot d'étranglement du crédit.

«Après 20 ans de fidélité en affaires, le concessionnaire se fait tout à coup dire par son banquier d'aller voir ailleurs ou de payer 3% à 4% de plus d'intérêt», déplore Richard Gauthier.

«Ça fait toute une différence pour des stocks de 500 ou 600 véhicules. En outre, plusieurs possèdent 10 à 20 concessions, avec des stocks de 15 millions à 20 millions, chacune. Du financement majoré ainsi, ça fait mal», explique le président de la CADA.

«La Banque du Canada a racheté 75 milliards de dollars de prêts hypothécaires des banques, à la fin de 2008, en échange d'autant de liquidités, mais elles ne les injectent pas dans l'économie. Les banquiers risquent ainsi de plonger le Canada dans une récession aussi grave qu'aux États-Unis», craint Richard Gauthier.

Ottawa et l'Ontario ont consenti des prêts temporaires de quatre milliards aux constructeurs d'autos du pays, mais «ça n'aidera en rien si les concessionnaires ne vendent pas de véhicules. Il faut rétablir l'accès au crédit», exige Richard Gauthier.

Malgré leur chute de 10% en novembre dernier, les ventes de véhicules de 2008 vont dépasser celles de 2007 au Québec, avec 420 000 unités, estime Jacques Béchard. Le président de la CCAQ «ne s'attend pas cependant à une aussi bonne année en 2009», avec seulement 380 000 transactions.

Le consultant Dennis DesRosiers a prévu une baisse de 10% à 15% des ventes d'autos en 2009, mais il a dévoilé hier une chute de 21,2% pour décembre 2008 au Canada. Il suggère de baisser de 2% la TPS et la TVQ sur l'automobile. Si les ventes chutent, Jacques Béchard a déjà préparé ses arguments pour demander une baisse de la TVQ.