Accusée par Donald Trump d'être aussi néfaste commercialement pour les États-Unis que la Chine, l'UE a mis en garde lundi Washington contre les conséquences désastreuses d'éventuelles taxes américaines sur les importations de voitures étrangères.

Dans une lettre adressée vendredi aux autorités américaines, dont l'AFP s'est procuré une copie, la Commission européenne prévient les É.-U. que s'ils mettaient leurs menaces à exécution d'imposer des taxes douanières sur les automobiles étrangères, l'économie américaine « serait la première touchée ».

Et d'avertir Donald Trump que les partenaires commerciaux des États-Unis, UE comprise, ne resteraient pas les bras croisés, mais au contraire imposeraient de lourdes représailles qui nuiraient aux produits automobiles américains.

Cette lettre survient dans un contexte de relations commerciales de plus en plus tendues entre les É.-U. et l'UE après la décision de Donald Trump d'imposer le 1er juin des taxes de 25 % sur l'acier et de 10 % sur l'aluminium aux produits exportés par la plupart des pays du monde, dont certains de leurs alliés, aux États-Unis.

L'UE avait répliqué quelque vingt jours plus tard en mettant en oeuvre des droits de douane additionnels imposés en Europe sur des dizaines de produits américains.

Dans sa lettre aux autorités américaines, la Commission européenne, qui représente les 28 pays de l'UE, estime que Les États-Unis risquent des représailles de leurs partenaires commerciaux qui pourraient toucher jusqu'à 294 milliards de dollars de produits américains (soit 19 % des exportations américaines en 2017) si Donald Trump mettait sa menace à exécution de taxer les importations de voitures étrangères.

Elle souligne également que les constructeurs automobiles européens apportent une contribution importante à l'économie américaine et qu'ils y sont « bien établis ».

« En 2017, les entreprises de l'UE, basées aux É.-U., ont produit près de 2,9 millions d'automobiles, ce qui représente 26 % de la production totale des États-Unis », ajoute-t-elle.

« Ces entreprises soutiennent 120 000 emplois directs et indirects dans les usines américaines à travers le pays, » continue-t-elle, en désignant des sites en Caroline du Sud, en Alabama, au Mississippi et au Tennessee - des États du sud des États-Unis connus pour leur soutien à Donald Trump.

À maintes reprises, le président américain a évoqué la possibilité d'imposer des taxes, qui viseraient notamment l'Allemagne, pour protéger l'industrie automobile américaine.

« Dédramatiser »

Le magnat de l'immobilier déplore régulièrement de voir beaucoup de Mercedes dans les rues de New York, mais pas assez de voitures américaines dans les rues européennes.

Mais le constructeur américain General Motors a lui aussi mis en garde contre une augmentation des tarifs douaniers qui « pourrait réduire la taille de GM » ainsi que « les emplois ».

Vendredi, à l'issue d'un sommet à Bruxelles, la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays fortement exportateur a le plus à craindre parmi les États membres de l'UE d'une escalade des tensions avec les États-Unis, a assuré que les Européens « allaient essayer de tout faire pour éviter une guerre commerciale ».

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, doit se rendre d'ici la fin du mois de juillet à Washington, afin « de présenter le point de vue des Européens » à M. Trump.

« Nous devrions dédramatiser ces relations. Nous avons besoin de ces relations. Les États-Unis ont besoin de ces relations. (...) Je ne suis pas sûr  que nous allons parvenir à un accord, mais nous allons essayer », avait promis vendredi le Luxembourgeois.

Dimanche, M. Trump semblait ne pas l'entendre de cette oreille. Sur Fox News, il a lancé : « L'Union européenne fait probablement autant de mal que la Chine, sauf qu'elle est plus petite ».

« C'est terrible ce qu'ils nous ont fait », a estimé le milliardaire. « Nous aimons tous d'une certaine manière l'Union européenne », mais ces pays « nous traitent très mal. Ils nous traitent très injustement ».