Donald Trump a menacé jeudi le géant de l'automobile japonais Toyota de représailles douanières s'il poursuivait un investissement au Mexique, maintenant une pression sans précédent sur les grands groupes industriels pour qu'ils se maintiennent aux États-Unis.

C'est à nouveau par un tweet rageur que le président élu s'en est pris au numéro un mondial de l'automobile, l'accusant de vouloir construire une usine au Mexique pour y fabriquer des voitures destinées au marché américain.

«PAS QUESTION! Construisez des usines aux États-Unis ou payez d'importantes taxes à la frontière», a tweeté M. Trump après avoir agité une menace similaire mardi à l'encontre de l'américain General Motors.

Dans son message, le futur président américain commet sans doute une petite confusion en faisant référence à une «nouvelle usine» que le groupe japonais projette de construire à «Baja, Mexico» alors que le site existe déjà depuis 2002. Il en construit toutefois une mais dans une autre région du Mexique, le Bajio.

L'essentiel est toutefois ailleurs: M. Trump, qui a déjà totalement chamboulé les règles du jeu pendant sa campagne, continue de dynamiter les usages politiques en s'en prenant publiquement aux grandes entreprises, une pratique jusque-là très peu répandue aux États-Unis.

Sur Twitter mardi, le futur président avait ainsi sommé General Motors, le premier constructeur américain, de fabriquer aux États-Unis ses voitures destinées au marché américain sous peine de payer une «lourde taxe frontalière».

Sonné, le groupe de Detroit avait immédiatement publié un communiqué pour assurer que seule une infime partie de sa production mexicaine arrivait sur le marché américain.

Également durement critiqué par M. Trump pour ses délocalisations, le groupe américain Ford a, lui, décidé d'abdiquer en renonçant mardi à construire une usine au Mexique pour investir dans une installation déjà existante au Michigan et y créer 700 emplois.

Avant même sa prise de fonctions le 20 janvier, M. Trump cherche ainsi à dissuader les constructeurs automobiles d'utiliser l'accord ALÉNA qui leur permet, sous certaines conditions et sans droits de douane, d'exporter vers les États-Unis des marchandises produites au Mexique.

Pendant la campagne, cet accord de libre-échange signé en 1994 et auquel le Canada est également associé a été inlassablement attaqué par M. Trump qui a promis de le renégocier ou de le dénoncer purement et simplement.

La filière automobile, qui se réunit la semaine prochaine au salon automobile de Detroit, semble être la cible privilégiée de Donald Trump mais elle n'est pas la seule à subir ses attaques.

Remontrances

En décembre, le groupe américain de défense Lockheed Martin avait subi les foudres du futur président américain en raison du coût de son avion de chasse F-35 qui serait «hors de contrôle».

M. Trump s'en était également pris sans réserves à l'avionneur américain Boeing, accusé de construire un avion présidentiel trop coûteux. «Les coûts s'envolent, plus de quatre milliards de dollars. Annulez la commande!», avait-il là encore tweeté.

Ces remontrances ont un effet direct: la chute du titre en Bourse et la disparition de millions de dollars de capitalisation boursière.

Toyota, qui est également cotée à Wall Street, n'a pas échappé à la règle. Peu après le tweet de M. Trump, son action perdait 0,40% vers 14h30 alors qu'elle était jusque-là stable.

Avec cette nouvelle attaque, M. Trump passe un nouveau palier en s'en prenant pour la première fois à un groupe étranger, montrant que son courroux ne s'arrêtera pas aux frontières.

L'offensive est en tout cas doublement ironique pour le géant japonais.

Selon le Wall Street Journal, le PDG de Toyota venait tout juste d'afficher sa proximité avec le président élu américain. «Si vous regardez sur le long terme, nous allons dans la même direction», avait déclaré Akio Toyoda devant la presse.

Enfin, l'usine que le groupe fait construire au Mexique sera sans aucun impact sur l'emploi aux États-Unis que M. Trump affiche comme une priorité. Dans son dernier rapport financier, le groupe japonais assurait en effet que la production du modèle Corolla visé par Trump serait transférée du Canada vers le Mexique.

«Le volume de production ou d'emploi aux États-Unis ne diminuera pas du fait de notre nouvelle usine (mexicaine)», a d'ailleurs réagi le groupe nippon, assurant faire partie «du tissu social» américain depuis près de 60 ans.