De la voix de son PDG, Herbert Diess, Volkswagen a annoncé, pour la première fois depuis la révélation du scandale des émissions truquées, la fin de ses moteurs diesels aux États-Unis. Un arrêt de mort qui n'est pas encore officiel au Canada.

Passée inaperçue cette semaine, cette information a été révélée mardi par le quotidien économique allemand Handelsblatt. « Nous partons du principe que nous n'offrirons plus de véhicules diesels aux États-Unis », a dit au journal le numéro un de la marque allemande. Ces propos ont été confirmés un peu plus tard par un porte-parole de Volkswagen, selon l'agence Reuters.

« La raison est le cadre légal », a justifié Herbert Diess, en référence aux normes environnementales plus sévères au sud de la frontière qu'en Europe.

Le trucage des émissions nocives de ses véhicules diesels, mis au jour à l'automne 2015, aura coûté en dédommagements, rien qu'aux États-Unis, presque 15 milliards US au constructeur allemand. L'annonce d'un dédommagement aux consommateurs canadiens est attendue d'ici la fin de l'année.

CHANGEMENT DE CAP

Cette affirmation de Herbert Diess est en rupture avec la position officielle tenue jusqu'ici. En septembre dernier au Mondial de l'auto de Paris, celui-ci avait confié à Reuters que la marque n'était pas encore prête à abandonner le diesel et qu'elle pourrait distribuer à nouveau ces modèles sur le marché américain. Mais récemment au salon de Los Angeles, cette position s'est effritée lorsque son bras droit en Amérique du Nord, Hinrich Woebcken, a dit ne pas croire à un retour du diesel dans les mêmes proportions qu'auparavant.

Aux États-Unis comme au Canada, les ventes de modèles diesels neufs de Volkswagen sont actuellement suspendues.

De son côté, Volkswagen Canada n'a pas proclamé officiellement la fin du diesel.

« Nous n'offrirons pas de voitures diesels pour l'année-modèle 2017. Après ça, nous examinerons chaque gamme individuellement. »

- Le porte-parole de l'entreprise, Thomas Tetzlaff

« NUAGES NOIRS AU-DESSUS DU DIESEL »

Cette annonce de retrait des États-Unis, le scandale des moteurs truqués qui écorche toujours l'image de Volkswagen et l'absence de modèles diesels 2017 n'incitent cependant pas à croire fermement à un retour de cette technologie au pays. Peut-on imaginer que le Canada seul puisse ainsi bénéficier de quelques modèles diesels de Volks à l'avenir ?

« Ça ne regarde pas bien, avance Yan Cimon, spécialiste de l'industrie automobile à l'Université Laval. Le marché canadien a des similitudes avec le marché américain. Il y a beaucoup de nuages noirs au-dessus du diesel. Mais ça ne veut pas dire que la technologie va disparaître. Dans le cas du Canada, maintenir le diesel va poser la question de la rentabilité. »

La question se pose d'autant plus que mardi, lors du dévoilement de son plan de restructuration, Volkswagen a dit vouloir être le « leader mondial des voitures électriques » d'ici 2025. Le constructeur ambitionne de vendre 1 million d'exemplaires par an, issus d'une gamme de 30 modèles tout électriques proposés. Et Volks a l'intention de s'attaquer à tous les marchés automobiles de la planète.

Le dernier signe de la fin du diesel en Amérique du Nord ?

- Avec Agence France-Presse et Reuters