Les secteurs de l'automobile, des infrastructures et du bois d'oeuvre font partie de ceux qui ont réagi le plus vivement, hier, à l'élection de Donald Trump. Voici pourquoi.

AUTOMOBILE

Les actions de plusieurs fabricants nord-américains de pièces automobiles ont chuté hier, les investisseurs craignant que leur accès aux travailleurs à bas salaire du Mexique ne soit limité.

Le titre du géant ontarien Magna International a reculé de 3,9 % à la Bourse de Toronto, tandis que celui de l'américain Delphi Automotive a plongé de 6,5 % à la Bourse de New York. General Motors, qui a annoncé hier 2000 mises à pied en Ohio et au Michigan en raison d'un ralentissement des ventes, a cédé 2,4 % à New York. Ford a été l'une des rares entreprises de l'industrie à échapper à la tendance générale, son action clôturant en hausse de 0,9 %.

Notons que le plus important fabricant québécois de pièces automobiles, Spectra Premium, ne compte pas d'usine au Mexique et n'est pas coté en Bourse. En revanche, le constructeur de motoneiges, de motomarines et de véhicules tout-terrain Bombardier Produits récréatifs (BRP), qui exploite trois installations au Mexique, a vu le cours de son action chuter de 6,9 % à la Bourse de Toronto.

L'analyste ontarien Dennis DesRosiers, qui suit l'industrie automobile depuis des décennies, note que M. Trump a menacé d'abroger l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) non pas tant en raison du Canada, mais plutôt des emplois qui ont pris le chemin du Mexique.

« Cela dit, je ne vois pas comment il pourrait s'en prendre au Mexique sans qu'il y ait des répercussions négatives pour le Canada », a-t-il commenté hier.

« S'il [Donald Trump] annulait l'ALÉNA sans le remplacer par un autre accord de libre-échange avec le Canada, ce serait très négatif pour le secteur automobile canadien. »

Yan Cimon, professeur de management à l'Université Laval, a rappelé qu'une renégociation de l'ALÉNA était possible, mais pas nécessairement souhaitable. « M. Trump va vite s'apercevoir que ça ne serait pas forcément bon pour l'économie américaine, puisque les chaînes de valeur de l'industrie automobile, mais aussi des secteurs de la défense et de l'aéronautique, sont très intégrées sur une base nord-américaine », a-t-il affirmé au cours d'un entretien téléphonique.

Le spécialiste a souligné que le Mexique était devenu incontournable pour l'industrie automobile nord-américaine. « La présence d'usines dans ce pays est l'une des raisons pour lesquelles les véhicules automobiles sont demeurés relativement abordables au fil des ans », a-t-il dit.

INGÉNIERIE ET CONSTRUCTION

À l'inverse, les actions des firmes d'ingénierie et de construction ont pris du coffre, hier, stimulées par la promesse de Donald Trump d'investir massivement dans les infrastructures publiques des États-Unis.

Les titres des géants américains Fluor et Jacobs ont tous deux gagné 10 % hier à la Bourse de New York, tandis que celui de l'albertaine Stantec, très active au sud de la frontière, s'est apprécié de plus de 12 % à la Bourse de Toronto.

L'action de la montréalaise WSP Global, qui a grandement accru sa présence aux États-Unis avec l'acquisition de Parsons Brinckerhoff à la fin de 2014, a progressé de 4 % hier à Toronto. Les revenus que la firme tire des États-Unis sont deux fois plus élevés que ceux provenant du Canada et représentent le tiers de son chiffre d'affaires total.

Le secteur de l'ingénierie et de la construction pourrait également bénéficier de l'adoption, mardi, de plusieurs mesures étatiques et municipales visant à accroître les investissements en infrastructures, plus précisément dans les transports en commun, a noté hier Isabelle Adjahi, porte-parole de WSP. Les plus importantes sont celles qui ont été votées à Los Angeles (investissements potentiels de 120 milliards US) et à Seattle (54 milliards US).

- Avec Martin Vallières, La Presse