Les membres de la direction de Volkswagen refusent de sacrifier entièrement leur rémunération variable, et ce malgré les difficultés financières du constructeur automobile ébranlé par une vaste tricherie aux normes anti-pollution, affirme jeudi le site internet du magazine Der Spiegel.

«Peu avant la décision du conseil de surveillance sur la rémunération de la direction, les dirigeants veulent bien une réduction de leurs bonis, mais pas y renoncer complètement», écrit le journal, qui rappelle que l'ancien chef du groupe, Martin Winterkorn, avait reçu il y a un an un bonus de plus de 3 millions d'euros.

Un porte-parole du groupe a indiqué à l'AFP que les rémunérations du directoire seraient publiées le 28 avril, dans le rapport annuel. «Le directoire entend toujours être un modèle» en termes de rémunérations, a-t-il ajouté, qualifiant l'article du Spiegel de «spéculations».

Fin 2015 le nouveau patron de Volkswagen, Matthias Müller, arrivé précipitamment à la tête du géant automobile après l'éclatement en septembre du scandale des moteurs diesel truqués, avait prévenu que les employés du groupe allaient devoir se «serrer la ceinture, sur tous les plans, depuis la direction jusqu'aux employés».

Un message qui n'a visiblement pas fait des émules partout puisque, selon le site internet du Spiegel, Hans-Dieter Pötsch, ancien directeur financier devenu en octobre président du conseil de surveillance, a empoché à l'occasion de ce changement de fonction un «dédommagement» de presque dix millions d'euros, pour compenser une rémunération moindre.

La découverte de l'installation sur onze millions de voitures d'un logiciel capable de tromper les contrôles anti-pollution et de faire passer les véhicules pour plus respectueuses de l'environnement qu'en réalité, va coûter des milliards d'euros au constructeur de Wolfsburg.

Mais entre le rappel géant pour mettre aux normes les véhicules, qui peine à se mettre vraiment en route, et les nombreuses plaintes tant de clients, de concessionnaires que d'États, le montant final de la facture de ce scandale est encore impossible à calculer.

«Nous avons l'impression que le scandale des moteurs diesel peut être utilisé par-derrière pour procéder à des coupes de personnel, dont il n'était pas question jusqu'à il y a quelques mois», ont écrit les membres du comité d'entreprise de la marque Volkswagen, la principale du groupe, dans un courrier publié sur le site du syndicat IG Metall.

Ils ont ainsi réclamé jeudi «la fin des spéculations sur l'avenir des hommes et des sites de Volkswagen» et la négociation d'un «pacte d'avenir», une proposition «saluée expressément» par la direction, qui a répondu que «la préservation des sites était aussi dans (son) intérêt».