Les ministres de la Justice de deux États américains ont dénoncé vendredi le manque de coopération du constructeur automobile allemand Volkswagen dans les enquêtes menées sur le scandale des moteurs diesel truqués.

« Notre patience a des limites », a tonné le ministre de la Justice de l'État de New York, Eric Schneiderman, dans un communiqué.

« En dépit des communiqués publics promettant une coopération et exprimant le souhait de mettre un terme aux différentes investigations qui le visent [...], Volkswagen résiste, en réalité, à la coopération en invoquant le droit allemand », a ajouté son homologue du Connecticut, George Jepsen, dans un courriel envoyé à l'AFP.

Le constructeur allemand est sous le coup de plusieurs enquêtes aux États-Unis pour avoir équipé près de 600 000 de ses voitures dans le pays d'un logiciel faussant le résultat de tests antipollution.

Dans son communiqué, M. Schneiderman accuse le deuxième constructeur mondial de se réfugier derrière la loi allemande pour refuser de remettre à la justice des courriels et autres communications de ses dirigeants.

Le groupe « n'a pas tout fait pour surmonter les obstacles liés à la loi allemande sur la vie privée qui empêcherait, selon lui, de transmettre les fichiers des courriels de ses dirigeants en Allemagne », a-t-il dit.

Dénonçant une coopération « incomplète », le ministre a également assuré que VW jouait la montre en « tardant » à remettre des documents venant de ses dossiers américains et en repoussant ses réponses dans l'attente d'une enquête interne qui pourrait prendre « plusieurs mois ».

« C'est le genre de choses qu'on attend davantage d'une entreprise dans le déni que d'une entreprise qui cherche à se débarrasser d'une culture de la tromperie », a assuré M. Schneiderman.

Le constructeur allemand a réagi de manière très lapidaire en affirmant coopérer « étroitement avec les autorités américaines ».

« Nous ne pouvons pas commenter sur une enquête en cours », a ajouté un porte-parole du groupe aux 12 marques.

Sur 50 États américains, 48 mènent leurs propres investigations, selon une source proche du dossier.

Le ministère fédéral de la Justice a, de son côté, engagé des poursuites civiles contre Volkswagen et pourrait lui réclamer une pénalité minimale de quelque 20 milliards de dollars.

Ces accusations sont rendues publiques alors que le patron de Volkswagen Matthias Müller, qui se trouve aux États-Unis pour le salon automobile de Detroit, doit rencontrer la semaine prochaine la chef de l'Agence environnementale américaine (EPA) qui a fait éclater le scandale des moteurs truqués.

Volkswagen a reconnu au total avoir installé des logiciels truqueurs dans 11 millions de voitures dans le monde, un scandale qui a fait fondre sa capitalisation boursière et conduit au départ de son patron.