Volkswagen, frappé par les scandales des moteurs truqués et des émissions de CO2 falsifiées, va couper d'un milliard d'euros ses investissements en 2016, mais sans réduire la voilure sur l'hybride et l'électrique.

«Pour 2016, nous allons réduire nos investissements à 12 milliards d'euros maximum. C'est environ un milliard de moins que la moyenne des années passées», a annoncé vendredi Matthias Müller, le patron du géant automobile allemand.

Un recul symbolique pour un groupe qui avait doublé ses investissements depuis 2008, avec l'ambition de détrôner Toyota comme champion mondial des ventes. Mais sans grande surprise: sa marque phare Volkswagen avait déjà annoncé en octobre vouloir réduire substantiellement ses investissements.

Le colosse aux douze marques (des citadines Seat et Skoda, aux berlines Audi et sportives Porsche, en passant par les camions MAN et Scania), qui fabrique environ 300 modèles, continue de «passer au crible» investissements et dépenses, en repoussant ou en annulant «tout ce qui n'est pas nécessaire, a ajouté M. Müller. Il avait déjà annoncé la couleur quelques semaines après les aveux sur le trucage des moteurs de 11 millions de voitures dans le monde.

La sortie de la prochaine limousine Phaeton, prévue dans une version entièrement électrique, et la construction d'un centre de design à Wolfsburg, siège du constructeur, sont par exemple remises à plus tard. Et Volkswagen va aussi repousser de deux ou trois ans l'augmentation de sa participation dans une de ses coentreprises en Chine.

Motorisations alternatives

Mais «ce que nous ne ferons en aucun cas, c'est d'économiser aux dépens de notre avenir», a prévenu M. Müller.

Volkswagen allouera ainsi 100 millions d'euros de plus que prévu en 2016 aux motorisations hybrides et électriques, a-t-il précisé.

La coupe d'un milliard dans les investissements 2016 est paradoxalement «une bonne nouvelle», estime pour l'AFP Jose Asumendi, analyste de la banque JP Morgan.

Le groupe, qui a déjà provisionné 6,7 milliards pour faire face aux scandales, est forcé d'économiser et de «prioriser ses investissements», mais «a besoin de continuer dans certaines technologies clés pour assurer sa compétitivité à moyen terme», ajoute-t-il, en saluant l'engagement en faveur de voitures plus vertes.

L'annonce «reflète aussi qu'ils entretiennent un bon dialogue avec les syndicats», très puissants chez Volkswagen, pointe M. Asumendi.

Les investisseurs partageaient cet optimisme. À la Bourse de Francfort, l'action Volkswagen pointait en tête de l'indice vedette Dax en fin de séance.

Pression aux États-Unis 

L'annonce intervient aussi alors que Volkswagen est sous pression aux États-Unis, où le scandale a démarré.

Le groupe a jusqu'à vendredi dernier délai pour présenter une solution aux régulateurs américains pour réparer les moteurs diesel équipés du fameux logiciel truqueur. Celui-ci permettait de frauder les tests antipollution, alors que les voitures émettaient sur la route jusqu'à 40 fois plus d'oxydes d'azote qu'autorisé.

Volkswagen a aussi présenté en début de semaine une première solution technique aux autorités allemandes pour un des types de moteurs concernés, selon la presse allemande.

La tromperie va forcer Volkswagen à rappeler 8,5 millions de voitures. Une opération gigantesque, sans compter les conséquences juridiques du scandale, à même de faire gonfler la facture entre 20 et 60 milliards d'euros, selon les estimations.

Le groupe est aussi ébranlé par une deuxième affaire: 800 000 de ses véhicules, dont au moins 98 000 à essence, rejettent des émissions de dioxyde de carbone (CO2) bien supérieures aux valeurs affichées sur leur fiche technique.

Sur ce volet, Bruxelles vient de relâcher la pression sur le constructeur. La Commission européenne avait annoncé la semaine dernière donner 10 jours à Volkswagen pour s'expliquer, mais a finalement accepté d'étendre l'ultimatum jusqu'à fin décembre. Le groupe lui a assuré travailler sur la question, mais a requis plus de temps pour mener à bien son enquête interne.