Le constructeur d'automobiles japonais Toyota (TM) a relevé mardi ses prévisions pour la troisième fois cette année, escomptant des bénéfices records grâce à la forte dépréciation du yen qui dope ses revenus à l'étranger.

Pour l'exercice comptable du 1er avril 2013 au 31 mars 2014, le premier groupe mondial du secteur s'attend désormais à un bénéfice net de 1900 milliards de yens (1000 yens = 11$ CAN), soit 14% de plus qu'envisagé jusqu'à présent et 97% de plus sur un an.

Il a aussi rehaussé sa prévision de profit d'exploitation, à 2400 milliards de yens (82% de plus sur un an), et élevé son estimation de chiffre d'affaires à 25 500 milliards de yens (16% de plus sur un an).

Si le géant basé près de Nagoya(centre du Japon) parvenait à atteindre ces objectifs, il battrait ses records de bénéfices dégagés pendant l'exercice 2007-2008 avant la crise financière internationale qui l'avait mis à rude épreuve.

Le constructeur avait connu ensuite d'autres difficultés (crise de rappels pour défauts techniques aux États-Unis, ascension historique du yen, paralysie temporaire de la production à cause d'un séisme au Japon), mais s'est remis depuis dans le bon sens de la marche.

«Toyota réalise de très bonnes performances» appuyées sur la baisse du yen et la bonne forme des marchés américain et asiatique, a commenté pour l'AFP l'expert de l'automobile Takaki Nakanishi.

Le groupe profite de la dépréciation du yen entraînée par la politique monétaire ultra-accommodante de la Banque du Japon. Le dollar valait en moyenne 83 yens pendant l'exercice 2012-2013 mais le constructeur table sur 100 yens pour l'exercice en cours. Or chaque yen gagné par le billet vert dope de 40 milliards de yens le bénéfice opérationnel de Toyota.

Cette évolution est d'autant plus rentable pour le mastodonte qu'il produit plus de 40% de ses véhicules au Japon quand son concurrent nippon Nissan, dont le français Renault est le premier actionnaire, n'y assemble plus que 20% de ses voitures.

À coût de production égal, les véhicules fabriqués par Toyota au Japon puis exportés rapportent désormais beaucoup plus car le fruit de leur vente dans des devises étrangères est désormais converti en yens dépréciés.

Optimisme prudent

Le constructeur a évoqué aussi des réductions de coûts et de meilleures ventes pour expliquer son optimisme.

Lors des neuf premiers mois de l'exercice (avril à décembre 2013), le bénéfice net de Toyota s'est envolé de 135% à 1,526 milliard de yens (11,4 milliards d'euros), son bénéfice opérationnel a plus que doublé à 1,856 milliards de yens et son chiffre d'affaires a bondi de 18% à 19,122 milliards.

Pendant cette période, Toyota a vendu davantage de véhicules grâce à un très bon troisième trimestre (octobre-décembre) qui a permis d'inverser l'effritement subi au premier semestre (avril-septembre).

Lors des trois derniers mois, le groupe a accéléré ses ventes en Chine, premier marché mondial du secteur où il avait souffert l'an passé des conséquences d'une querelle diplomatique sino-nippone, ainsi qu'en Europe où le climat s'améliore d'après le constructeur.

Aux États-Unis où le marché s'est bien porté, Toyota a encore bien vendu sa petite berline Camry. Au Japon, où de nombreux consommateurs s'empressent d'acquérir un véhicule avant la hausse d'une taxe sur la consommation au 1er avril, Toyota a bien vendu ses modèles hybrides (à double motorisation, essence et électricité).

Au final, il a quintuplé son bénéfice net au troisième trimestre.

S'il est globalement optimiste pour Toyota comme pour les autres constructeurs nippons, M. Nakanishi reste prudent: «La demande en Asie et aux États-Unis pourrait ralentir, l'impact positif des taux de change s'apaiser, sans parler du marché chinois où plane le risque de soubresauts diplomatiques», a-t-il énuméré.

Toyota a annoncé récemment avoir vendu en 2013 quelque 9,98 millions de véhicules (marques Toyota, mini-véhicules Daihatsu, poids lourds Hino et voitures de luxe Lexus), ce qui lui a permis de conserver sa première place mondiale, devant l'allemand Volkswagen et l'américain General Motors.

Il est devenu en outre le premier constructeur à dépasser la barre symbolique des 10 millions de véhicules assemblés en une année (10,12 millions).