La production ontarienne d'automobiles va continuer à diminuer lors des années à venir, à moins d'une soudaine chute du dollar canadien ou de concessions salariales des travailleurs du secteur qui permettraient de mieux faire concurrence aux États-Unis et au Mexique, estiment des spécialistes.

Malgré des chiffres de ventes constamment élevés et des investissements répétés dans un secteur ayant souffert pendant des années du ralentissement de l'économie, les usines de montage canadiennes ne connaissent pas la reprise qu'elles devraient et la production ontarienne n'augmente pas comme l'avaient prévu les analystes.

«La plupart des prévisionnistes s'attendaient à ce que la production se consolide cette année et ça ne s'est pas confirmé», a affirmé Derek Burleton, économiste en chef adjoint au Groupe financier Banque TD.

«Cela met en lumière les défis concurrentiels parce que le secteur profite encore d'une reprise cyclique à la suite de la récession aux États-Unis, et pourtant, la production (au Canada) est en baisse», a-t-il ajouté.

La vigueur du dollar canadien, l'aide gouvernementale accordée aux fabricants de l'industrie de l'automobile pour qu'ils construisent des usines aux États-Unis et au Mexique, de même que les ententes commerciales favorables conclues entre le Mexique et des pays situés en Amérique du Sud, en Europe et en Asie sont tous des facteurs qui ont diminué les chances du Canada d'accroître sa production, a indiqué Anthony Faria, spécialiste du secteur automobile à l'Université de Windsor, en Ontario.

Les fabricants aiment également construire leurs véhicules à proximité de leur clientèle américaine, ce qui confère aux usines américaines un autre avantage, tandis que les impôts et les coûts des terrains, de construction et des services publics sont plus élevés au Canada, a ajouté M. Faria.

Toutefois, l'une des questions nuisant le plus à la capacité concurrentielle du pays est le coût de la main-d'oeuvre, a aussi dit le spécialiste.

«Le Canada ne pourrait d'aucune façon faire concurrence au Mexique sur le plan des frais de main-d'oeuvre», a indiqué M. Faria.

Il faut cependant que le Canada soit plus concurrentiel face aux États-Unis en matière de coûts de main-d'oeuvre, car l'industrie américaine de l'automobile profite de nombreux investissements, au contraire du secteur automobile canadien, a poursuivi M. Faria.

Le président national d'Unifor, Jerry Dias, a indiqué que le syndicat n'avait pas l'intention de rivaliser au chapitre des salaires avec les ouvriers du secteur mexicain de l'automobile, «qui travaillent pour une somme dérisoire», comparativement aux membres de son organisation.

«Aucune industrie au Canada ou aux États-Unis ne peut vraiment rivaliser avec les salaires s'il ne s'agit que de salaires. Mais s'il s'agit de productivité, nous sommes vraiment en bonne position», a-t-il indiqué.

Issu de la récente fusion des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA) et du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP), Unifor est le plus grand syndicat du secteur privé au Canada, avec plus de 300 000 membres.