L'agence Standard and Poor's (S&P) a relevé vendredi la note de Ford, qui sort de la catégorie des investissements spéculatifs, et envisage de relever celle de General Motors (GM), marquant la santé retrouvée du secteur automobile américain.

La note de Ford est passée à BBB- contre BB+ auparavant, rejoignant ainsi le rang de la dette considérée sûre et qu'achètent fréquemment les investisseurs institutionnels, par opposition aux fonds spéculatifs.

La perspective de Ford a elle été abaissée à stable contre positive auparavant, signe que le groupe n'envisage pas de modifier à nouveau la note à moyen terme.

L'agence concurrente Moody's avait fait sortir Ford de la catégorie des investissements spéculatifs bien plus tôt, en mai 2012.

S&P avait plongé Ford au rang d'investissement spéculatif en 2005, alors que le groupe s'enfonçait dans une spirale négative d'endettement, de baisse des ventes du secteur automobile aux États-Unis et de perte de rentabilité de sa gamme.

Ford s'était enfoncé plus loin dans les «junk bonds» après avoir emprunté 18 milliards de dollars et hypothéqué tous ses actifs, jusqu'à son logo bleu et argent, en 2006 peu après l'arrivée aux commandes du patron du groupe Alan Mulally.

Faire sortir Ford des investissements spéculatifs était un objectif au long cours de M. Mulally, qui a réussi à restructurer le groupe en lui évitant une faillite et un plan de sauvetage gouvernemental comme ce fut le cas pour les concurrents GM et Chrysler.

Au prix d'une restructuration qui s'est accompagnée de dizaines de milliers de licenciements, le secteur a retrouvé sa santé et des niveaux de ventes qui s'approchent de ceux d'avant la crise. En juillet 1,5 million de véhicules ont été vendus aux États-Unis soit 16 millions en données annualisées et corrigées des variations saisonnières, contre 17 millions en 2007.

«L'augmentation de la note montre que nous nous attendons à ce que les données de crédit de Ford s'améliorent nettement grâce à sa solide performance en Amérique du nord et grâce à l'amélioration de l'abondement de ses fonds de retraite, ce à quoi s'ajoutent les efforts de diversification géographiques des bénéfices du groupe», a commenté S&P dans son communiqué.

Bonne croissance en Chine

S&P a aussi jugé que la plateforme unique du groupe était un facteur de rentabilité et s'est dit confiant dans sa capacité à redevenir rentable en Europe, sa région la moins performante et où il accumule les pertes en raison d'une grave crise sectorielle. L'agence a aussi salué la bonne croissance des ventes en Chine et la «relative bonne performance» en Amérique du Sud malgré des problèmes de droits de douane et de taux de change.

«Le fait que nous soyons maintenant au rang d'investissement chez les quatre grandes agences de notation est une preuve de plus des progrès continus de l'équipe de Ford» s'est félicité Bob Shanks, le directeur financier du numéro deux américain de l'auto, cité dans un communiqué.

Ford est dans une «situation financière extrêmement bonne, mais ce relèvement va encore faire baisser le coût des émissions de dette s'il en a besoin et va aussi faire monter le cours de la valeur de leurs titres de dette existante», a remarqué Gregori Volokhine, président de Meeschaert Financial Services.

Alors que des rumeurs le donnaient partant chez Microsoft pour remplacer Steve Ballmer, Alan Mulally s'est en outre engagé vendredi à rester directeur général de Ford jusqu'à la fin 2014 au moins.

Standard and Poor's a parallèlement relevé vendredi la perspective de la note de General Motors, qui se trouve encore dans la catégorie des investissements spéculatifs à BB+.

Cela augure d'un relèvement d'ici fin 2014 «si la performance des activités automobiles de GM continue de s'améliorer et si l'expansion de GM Financial progresse sans heurts», selon l'agence.

«Nous allons surveiller la capacité de GM à maintenir sa part de marché et sa rentabilité en Amérique du Nord, maintenir sa position forte en Chine et montrer qu'il est sur la voie de la rentabilité en Europe», a ajouté l'agence de notation.