Le premier constructeur d'automobiles mondial, Toyota, semble avoir tourné la page de quatre années difficiles et prévoit d'importants profits en 2013-2014 grâce à des ventes toujours dynamiques et à la dépréciation du yen.

Son bénéfice net, qui a plus que triplé lors de l'exercice écoulé, pourrait encore grimper de 42,4% cette année et atteindre 1370 milliards de yens (13,9 milliards de dollars canadiens).

«Dernièrement, l'appréciation du yen a finalement été corrigée. En outre, la demande mondiale devrait progresser, entraînée par la reprise du marché américain et le développement des marchés émergents», s'est félicité le PDG du constructeur, Akio Toyoda, lors d'une conférence de presse.

Entre le 1er avril 2013 et le 31 mars 2014, le géant basé dans la région de Nagoya (centre du Japon) espère écouler 2,6% de véhicules en plus dans le monde et élever de 6,5% son chiffre d'affaires, à 23 500 milliards de yens (238,5 milliards CAN).

Il compte notamment augmenter ses ventes en Amérique du Nord, en Asie (hors Japon), dans les autres marchés (Amérique latine, Océanie, Afrique et Moyen-Orient) et, dans une moindre mesure, en Europe.

Ces progrès devraient plus que compenser un repli attendu au Japon, où s'est terminé en septembre dernier un programme de subventions publiques à l'achat de voitures peu gourmandes en carburant - dont les véhicules hybrides dont le groupe est le pionnier.

Dopé par la nette dépréciation du yen, son bénéfice d'exploitation pourrait grimper de 36,3% à 1800 milliards de yens (18,3 milliards CAN), sa meilleure performance depuis l'année précédent la crise financière internationale de 2008.

Toyota a prévu que l'euro s'établirait en moyenne à 120 yens en 2013-2014, contre 107 en moyenne en 2012-2013, et le dollar devrait passer de 83 yens à 90 yens. Cette hausse des monnaies étrangères relève mécaniquement la valeur de ses recettes à l'étranger, une fois converties en devise nippone.

La dépréciation du yen, amorcée en novembre 2012, a déjà permis au constructeur d'embellir ses résultats lors de l'exercice écoulé, mais l'essentiel de l'amélioration provient du bond de 20% de ses ventes de véhicules.

Le groupe a écoulé notamment environ un tiers de véhicules supplémentaires en Amérique du Nord et au Moyen-Orient, un quart de plus en Asie (hors Japon) malgré les conséquences négatives d'un conflit territorial sino-nippon, et 10% de plus au Japon. Les ventes n'ont stagné qu'en Europe, en récession.

Redevenu numéro un mondial lors de l'année calendaire 2012 avec 9,75 millions de véhicules écoulés (marques Toyota, de luxe Lexus, poids lourds Hino et petites voitures Daihatsu), le groupe Toyota a de surcroît bénéficié pendant son exercice comptable d'un rebond mécanique après les difficultés subies l'année précédente à cause du séisme du 11 mars 2011 dans le nord-est du Japon.

Cette catastrophe avait paralysé sa production et le groupe avait en outre déploré quelques mois plus tard des inondations historiques en Thaïlande, importante plate-forme productive d'Asie du Sud-Est.

Épargné cette fois, Toyota a dégagé du 1er avril 2012 au 31 mars 2013 un bénéfice net de 962,2 milliards de yens (9 milliards d'euros au taux de change moyen de l'exercice écoulé).

Son chiffre d'affaires s'est élevé de 18,7% à 22 064 milliards de yens (223,9 milliards CAN) et son bénéfice d'exploitation, soutenu de surcroît par des réductions de coûts, a presque quadruplé à 1321 milliards de yens (13,4 milliards CAN).

La maison-mère Toyota, sans les filiales qui lui ont sauvé la mise ces dernières années, a dégagé en 2012-2013 son premier bénéfice opérationnel depuis celui de l'exercice 2007-2008.

Après la crise financière, le groupe avait souffert de la forte hausse du yen et du rappel de millions de véhicules dans le monde notamment aux États-Unis, avant les catastrophes naturelles asiatiques.

«Toyota a appris beaucoup pour surmonter les diverses difficultés de ces quatre dernières années», a estimé M. Toyoda, jugeant toutefois que l'entreprise devrait se renforcer davantage pour pouvoir croître même en cas de conjoncture défavorable.

Il a souligné que le groupe devait pour ce faire «développer ses ressources humaines, chercher toujours plus de qualité, de productivité et d'innovation et s'appuyer sur un solide service après-vente».