Plus de 400 000 véhicules vendus par an, pour une valeur avoisinant les 11 milliards. Ajout et expansion des concessionnaires. Création d'emplois en vente et en services techniques.

À l'instar de ses voisins nord-américains, le marché des automobiles neuves au Québec a belle allure ces temps-ci. Du point de vue de ses principaux commerçants, en tout cas.

«L'année 2012 a été relativement bonne. Et nous sommes plutôt optimistes pour cette année», résume Jacques Béchard président de la Corporation des concessionnaires d'automobiles du Québec (CCAQ).

À preuve, le nombre de concessionnaires s'accroît à nouveau, en particulier dans les marques luxueuses.

Les rénovations et les agrandissements de commerces existants se multiplient.

Il s'agit d'un net revirement après le contexte morose de l'après-crise financière de 2008 et la quasi-faillite de gros fabricants comme GM et Chrysler.

Dans ces deux cas, on s'en souvient, les plans de sauvetage comportaient une rationalisation majeure des réseaux de concessionnaires.

Au Québec, rappelle M. Béchard, une soixantaine de concessionnaires ont été fermés, ce qui a aussi entraîné la suppression de centaines d'emplois spécialisés en automobile.

Après deux ans de regain des ventes de véhicules, cette période difficile a été rangée dans les mauvais souvenirs. Non sans conséquence, toutefois.

Importante concurrence

Parce que si, d'un côté, les 875 commerçants de véhicules neufs au Québec profitent des bas taux d'intérêt pour attirer des clients, ils doivent aussi gérer leurs entreprises commerciales dans un marché plus concurrentiel que jamais auparavant.

La concurrence est toujours vive entre les constructeurs et leurs différents véhicules. Mais aussi la compétition accentuée pour la bonne gestion et la réputation de leur commerce face à des consommateurs plus exigeants et plus sollicités de toutes parts.

Un exemple? Selon Jacques Béchard, lancer un concessionnaire automobile requiert maintenant un investissement «de cinq à dix millions», selon la marque desservie. C'est cinq fois plus qu'il y a une dizaine d'années.

Entreprises multiconcessions

Par ailleurs, pour compenser les marges bénéficiaires amincies sur la vente des véhicules les plus populaires, les concessionnaires ont dû resserrer la gestion de leur actif tout en développant des sources de revenus plus rentables.

C'est ce qui motive l'essor d'entreprises regroupant plusieurs concessions de marques différentes. Ce phénomène commercial qui vient des États-Unis se répand de plus au Québec.

À la CCAQ, on signale qu'au moins le quart des membres détiennent maintenant plus d'une concession. Dans la région de Montréal, 30 gens d'affaires se partagent la propriété de quelque 125 concessions différentes.

«Dans les grandes villes, où les coûts immobiliers et autres sont plus élevés qu'en région, c'est de moins en moins viable d'exploiter une concession unique. Les entreprises multiconcessions favorisent le partage de coûts importants comme l'administration, les assurances et le personnel-clé» explique Stéphane Guilbault, président de la Corporation des concessionnaires d'automobiles de Montréal.

Ce regroupement met d'ailleurs ces heures-ci la touche finale au plus gros événement annuel au Québec dans le marché de l'automobile: le Salon de l'auto de Montréal, qui a lieu au Palais des congrès du 18 au 27 janvier.

Les fabricants et leurs concessionnaires québécois en espèrent la continuité d'un élan de magasinage et d'achat parmi les consommateurs.

«Les bas taux d'intérêt demeurent très favorables. Aussi, le parc automobile a vieilli à un âge moyen de huit ans. Il y a donc un marché de renouvellement de plus en plus important qui s'annonce», estime Jacques Béchard, de la CCAQ.

En fait, au rythme de 420 000 véhicules neufs par an, en incluant les automobiles, les VUS et les camionnettes, c'est environ 10% des «véhicules de promenade» immatriculés au Québec qui sont susceptibles d'être remplacés.

«Les véhicules âgés coûtent de plus en plus cher en carburant par rapport à des plus récents. Leurs coûts d'entretien pourraient augmenter si le gouvernement du Québec implante les inspections obligatoires des systèmes antipollution», signale M. Béchard.