Les Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA) pourraient cibler plus d'un des trois grands constructeurs automobiles américains avec une grève, en cas d'échec des négociations dans le cadre desquelles le syndicat a proposé d'importantes concessions.

«Actuellement, il y a possibilité de grève chez les trois», a affirmé jeudi le secrétaire-trésorier des TCA, Peter Kennedy, lors d'un entretien.

M. Kennedy a indiqué que le syndicat déterminerait quel constructeur serait visé alors que les parties se rapprocheront du moment prévu pour le déclenchement d'un arrêt de travail, lundi, à 23h39.

Les TCA attendaient jeudi une réaction à leur plus récente proposition, incluant une réduction du salaire des nouveaux employés des usines canadiennes de General Motors, Ford et Chrysler.

Le syndicat est prêt à accepter un plan qui verrait les nouveaux employés prendre plus de temps pour atteindre le haut de l'échelle salariale.

«Ce que nous avons proposé (...) est un système (...) dans le cadre duquel les gens commenceront à un salaire moins élevé mais finiront par obtenir le salaire courant au sein de l'usine», a déclaré M. Kennedy depuis Toronto.

Néanmoins, M. Kennedy a refusé de confirmer les informations voulant que les TCA auraient proposé d'octroyer un salaire moins généreux aux nouveaux employés pendant leurs 10 premières années de travail, soit quatre ans de plus que ce qui est prévu par le système actuel.

Le président des TCA, Ken Lewenza, a déjà déclaré que le syndicat s'opposait à une rémunération à deux paliers permanente comme celle qui a été acceptée par le syndicat des United Auto Workers aux usines des trois constructeurs aux États-Unis.

M. Kennedy a indiqué que le syndicat proposait une solution canadienne au problème des coûts fixes ne créant pas de «main-d'oeuvre de deuxième catégorie permanente parmi la main-d'oeuvre».

«Mais ils ont des oeillères et ne réalisent pas que c'est un autre pays, et nous rejetons le principe d'un système à deux paliers permanent», a-t-il ajouté.

Le fait d'avoir deux employés travaillant côte à côte en gagnant des salaires différents, dont un n'ayant aucun espoir d'atteindre le sommet de l'échelle, créerait de la «dissension et de l'agitation» qui n'auraient rien de bon pour le syndicat ou les entreprises, a estimé M. Kennedy.

M. Kennedy a affirmé que les présentes négociations étaient les plus difficiles auxquelles il a pris part en plus de 20 ans, incluant celles sur la restructuration de 2009 ayant permis à GM et Chrysler d'éviter la faillite.

«Nous avons aujourd'hui une compagnie qui étudie sérieusement notre proposition, et ils nous ont laissé entendre qu'ils pourraient travailler avec ça, de sorte que nous sommes optimistes. Mais d'autre part, nous avons deux compagnies qui refusent en ce moment de bouger», a-t-il affirmé, refusant d'identifier l'entreprise jugée réceptive à la proposition des TCA.