Après avoir mis la hache dans son réseau de concessionnaires au milieu des années 2000, Ford renverse la tendance et compte ouvrir deux nouveaux points de vente dans l'île de Montréal et à Québec d'ici un an.

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«On a une marque en croissance, les consommateurs québécois sont plus que jamais intéressés à la marque et à nos véhicules, donc l'occasion est là de continuer à prendre de l'expansion», a fait valoir David Mondragon, président et chef de la direction de Ford Canada, en entrevue à La Presse Affaires.

Ford a fermé environ 20% de ses concessionnaires au milieu de la dernière décennie, pendant sa vaste restructuration nord-américaine. Or, le manufacturier a depuis retrouvé la faveur des Canadiens, dépassant même en 2010 son rival GM au premier rang des ventes.

Petits modèles populaires

Ford mise en particulier sur le Québec, où il a réussi à augmenter ses parts de marché de 12,5% à 14,9% depuis un an grâce à ses petits modèles Fiesta et Focus. «S'il y a un endroit au pays où on cherche à ajouter des concessionnaires, c'est au Québec, a dit David Mondragon. On vient d'ajouter un concessionnaire à Québec, avec le groupe Desjardins, et on cherche à possiblement en ouvrir un troisième là-bas.»

Quant à la nouvelle succursale prévue à Montréal, le dirigeant a refusé de donner des détails. Il aimerait toutefois qu'elle soit en activité «d'ici 12 mois». «C'est une occasion unique pour nous en tant que manufacturier de renverser la tendance des dernières années dans l'industrie, qui en était une de décroissance.»

Ford compte 440 concessionnaires Canada et 85 au Québec, dont 5 sont sur l'île de Montréal. Environ 75% sont présentement en rénovation, affirme 
M. Mondragon. Les millions investis serviront à moderniser les ateliers mécaniques et les salles d'exposition, qui seront notamment dotées de wi-fi.

Sur une lancée

Il faut dire que Ford est sorti en très bonne posture de la récession de 2008-2009, pendant laquelle ses concurrents General Motors et Chrysler ont frôlé la faillite. Le groupe de Dearborn au Michigan a enregistré des profits de 
2,4 milliards US au deuxième trimestre de cette année, et il est assis sur des liquidités de 32 milliards US.

La remise sur pied de Ford remonte à 2006. À l'époque, le nouveau patron, Alan Mulally, a hypothéqué tous les actifs du groupe aux États-Unis en échange de prêts de 23,6 milliards US. Ce geste inusité a assuré des liquidités suffisantes au manufacturier pendant la restructuration de ses activités, qui s'est traduite par la vente de trois bannières - Aston Martin, Jaguar et Land Rover - et la fermeture de plusieurs usines et concessionnaires.

Quatre ans plus tard, alors que le prix de l'essence atteignait des sommets, Ford est revenu dans le créneau des petites voitures avec une Focus renouvelée et une toute nouvelle Fiesta. Une décision qui explique la remontée de Ford au Canada, selon David Mondragon.

«Cela a été un vrai défi pour nous pendant des années, surtout au Québec, d'avoir des voitures pertinentes, a-t-il admis. Aujourd'hui, nous avons des véhicules qui sont non seulement pertinents, mais qui répondent aussi aux besoins des consommateurs du marché québécois.»

Les ventes globales de Ford ont augmenté de 8% le mois dernier au Canada sur un an, marquant le meilleur mois d'août de la marque depuis 1988. Les ventes d'automobiles se sont démarquées, avec un gain de 18%, tandis que celles de camions ont progressé de 5%. Celles de la petite Fiesta ont grimpé de 98% sur un an.

Cette répartition des ventes plaît particulièrement au président de Ford Canada, puisqu'une majorité d'acheteurs de la Fiesta sont de tous nouveaux clients de la marque, note-t-il. Le groupe cherche à tout prix à rejoindre de nouveaux consommateurs, friands de petites voitures économes d'essence.

C'est d'ailleurs pour augmenter sa visibilité que le constructeur multiplie les commandites de festivals depuis deux ans dans la province, des Francofolies de Montréal au Festival western de Saint-Tite, en passant par le Nascar et le Festival de la mode...

Ford a vendu 25 927 véhicules le mois dernier au Canada, et 193 648 depuis le début de l'année. Le titre du fabricant a clôturé à 10,42 $ US vendredi à la Bourse de New York, en baisse de 43 cents US ou de 4%. Depuis un an, le titre a reculé de 11%.