Le constructeur automobile américain Chrysler est officiellement passé sous le contrôle de l'italien Fiat, qui a annoncé vendredi qu'il montait à plus de 50% du capital grâce au rachat du solde de la  part du gouvernement américain.

Deux ans après avoir pris 20% du capital et les commandes opérationnelles du troisième constructeur américain qui émergeait de la faillite, Fiat a annoncé qu'il allait passer à 52% du capital de Chrysler grâce au rachat de 6% encore détenus par le Trésor américain, qui sort ainsi totalement du constructeur.

Il était déjà monté à 46% le mois dernier après un refinancement qui a permis d'alléger le fardeau de sa dette et de racheter 16% aux États-Unis, au Canada et au syndicat automobile UAW.

L'annonce de la sortie du capital par le gouvernement a été célébrée par le président américain Barack Obama qui a visité une usine du groupe, à Toledo.

«Il y a deux ans nous étions encore au milieu d'une profonde récession (...) et cette industrie a été particulièrement touchée», a rappelé M. Obama.

Il a de nouveau défendu le bilan de l'intervention de son administration pour sauver le secteur à coup de dizaines de milliards de dollars, qui a recréé 113 000 emplois depuis deux ans contre 400 000 perdus en 2008, «l'année précédant (sa) prise de fonction».

«Aujourd'hui, les trois constructeurs automobiles américains sont rentables. Ca n'était pas arrivé depuis 2004.

Aujourd'hui, les trois constructeurs américains gagnent des parts de marché. Ca n'était pas arrivé depuis 1995», a-t-il souligné.

«Et aujourd'hui, je suis fier d'annoncer que le gouvernement a été totalement remboursé de l'investissement fait sous ma responsabilité dans Chrysler», a-t-il conclu.

Le Trésor estime toutefois qu'il ne devrait pas récupérer 1,3 milliard de dollars sur les 12,5 milliards injectés au cours des différentes étapes de la restructuration de Chrysler pendant la crise, avant et après sa faillite.

Chrysler, redevenu bénéficiaire au premier trimestre pour la première fois depuis sa sortie de faillite, a entièrement revu sa gamme de véhicules et a été l'un des deux seuls grands constructeurs avec le coréen Hyundai à voir ses ventes progresser le mois dernier.

Le directeur général de Fiat et Chrysler, Sergio Marchionne, a souligné dans un communiqué que l'accord conclu avec le Trésor permettait d'«accélérer» l'intégration entre les deux groupes, dont il veut faire un géant capable de rivaliser avec les plus grands du secteur, comme l'américain General Motors, l'allemand Volkswagen et le japonais Toyota.

Fiat compte encore acquérir d'ici la fin de l'année 5% supplémentaires auprès du Canada et de l'UAW, quand Chrysler aura produit une voiture économe en carburant basée sur une plate-forme de son partenaire italien.

Au total, ses options d'achat lui donnent la possibilité de monter jusqu'à quelque 70% du capital.

Pour Rebecca Lindland, analyste d'IHS Global Insight, Chrysler semble avoir finalement trouvé «une bonne maison» après l'échec des collaborations avec l'allemand Daimler et avec le fonds d'investissement Cerberus.

Avec la prise de contrôle effective de Fiat et la sortie du capital du gouvernement américain, Chrysler est à présent moins pressé de revenir en Bourse.

«Nous n'avons pas encore pris de décision», «il n'y a pas d'urgence à le faire en 2011», a réaffirmé M. Marchionne vendredi sur Bloomberg TV.

Mais cette opération reste selon lui «la voie la plus facile» pour permettre au syndicat automobile UAW, qui détient encore environ quelque 46% de Chrysler, de réduire sa part et de recouvrer son investissement pour abonder son fonds de pension Veba.