Le séisme massif qui a fortement perturbé la production automobile au Japon a coûté sa place de numéro un mondial du secteur à Toyota, doublé au premier trimestre -et probablement pour l'année- par l'américain General Motors et l'allemand Volkswagen.

«Il est pratiquement certain que Toyota va perdre sa place de numéro un des ventes mondiales cette année. Sa production ne retrouvera son niveau normal que tard dans l'année. Il est difficile de prévoir une autre issue», estime Bill Visnic, analyste du site spécialisé Edmunds.Com.

Toyota a vendu 1,79 million de véhicules dans le monde entre janvier et mars, en baisse de 12% sur un an.

Parallèlement, GM a vendu 2,22 millions de voitures, regagnant ainsi, au moins pour ce trimestre, la place de numéro un mondial qu'il avait cédée à Toyota en 2008.

Volkswagen, dont l'objectif revendiqué est de se hisser à la première place mondiale en termes de ventes, a pour sa part écoulé 2 millions de véhicules sur la même période.

Toyota, dont la production est largement concentrée au Japon, a été heurté de plein fouet par le séisme et le tsunami géants du 11 mars, qui ont endommagé des usines de nombreux fournisseurs de l'industrie automobile.

Les sites d'assemblage du groupe nippon tournent actuellement au ralenti, au Japon et ailleurs, à cause d'une pénurie de composants, qui affecte moins les constructeurs non japonais dont l'approvisionnement est plus diversifié géographiquement.

Toyota ne prévoit un retour de sa production à 70% de la normale sur le plan mondial qu'en juin, avec en vue des cadences à 100% pour novembre ou décembre.

Le constructeur japonais pâtissait déjà depuis l'automne 2009 de rappels à répétition portant sur quelque 12 millions de véhicules dans le monde, qui ont sapé sa réputation.

«Le tremblement de terre a certainement joué un rôle dans le fait que Toyota perde sa place, mais même sans cela, ses ventes n'auraient pas été très bonnes à cause des rappels, particulièrement sur le marché nord-américain», estime Jesse Toprak, analyste du site automobile Truecar.Com.

Pour les analystes, le japonais devrait avoir du mal à rebondir rapidement.

«Il est très difficile de récupérer un acheteur une fois qu'on l'a perdu. Cela peut avoir un impact qu'on ne peut pas facilement mesurer mais qui peut durer pendant des années. C'est pour ça que les constructeurs font tout pour garder leurs clients», ajoute-t-il.

Les constructeurs américains devraient largement bénéficier de l'accès de faiblesse du constructeur nippon aux Etats-Unis, et leurs concurrents européens marquer des points sur le segment des voitures de luxe face à Lexus, la marque haut de gamme de Toyota.

«On voit déjà les ventes de Lexus à la traîne derrière celles de Mercedes et BMW», constate M. Visnic.

Pour M. Toprak, GM devrait probablement rester numéro un sur l'année, mais il n'est pas impossible, même si «ce sera difficile», que Volkswagen le double.

«Le constructeur allemand s'est montré particulièrement déterminé à afficher de gros volumes sur tous les marchés, y compris aux États-Unis», où sa part de marché est encore relativement confidentielle, note-t-il.

À l'inverse de GM qui «veut se concentrer sur sa rentabilité», Volkswagen pourrait avoir plus de capacités de production disponibles pour monter en puissance si la demande augmente, et plus de marge de manoeuvre que GM pour faire des promotions, conclut-il.

Questionné par l'AFP, un porte-parole de GM aux États-Unis s'est contenté d'assurer que «la croissance des ventes n'est pas ce qui importe: nous nous focalisons sur le fait de construire les meilleurs véhicules du monde».

Un porte-parole de Toyota n'a pas retourné la demande de commentaire de l'AFP.