Le constructeur automobile américain Chrysler remboursera sa dette de 7,5 milliards de dollars au Canada et aux États-Unis d'ici l'été, grâce à une opération de refinancement qui devrait l'aider à redevenir rentable et à revenir en Bourse.

Chrysler, contrôlé par l'italien Fiat, a fait part dans un communiqué de son intention de «rembourser intégralement» les prêts des gouvernements du Canada et de l'Ontario, à savoir 1,7 milliard de dollars, et du Trésor américain, soit 5,8 milliards de dollars.

Le numéro trois américain de l'automobile fait cette annonce à l'occasion de la visite jeudi du secrétaire américain au Trésor, Tim Geithner, dans une de ses usines située à Jefferson, près de son siège social d'Auburn Hills au Michigan.

Il compte «finaliser ce remboursement pendant le deuxième trimestre grâce à une nouvelle facilité de crédit et à une nouvelle émission obligataire qui sera proposée à des investisseurs institutionnels lors d'un placement privé de titres», précise-t-il.

Cela «va leur permettre de mettre fin à toute implication gouvernementale dans leurs affaires», a souligné Rebecca Lindland, analyste d'IHS Global Insight.

Selon des sources proches du dossier, l'offre de refinancement devrait être lancée mercredi. L'opération se divisera en 3,5 milliards de crédit à long terme, 2,5 milliards d'émission obligataire et 1,5 milliard de ligne de crédit renouvelable.

Une partie de ces 7,5 milliards sera utilisée pour financer les opérations du groupe.

Pour rembourser sa dette gouvernementale, Chrysler compte aussi utiliser 1,27 milliard provenant de l'exercice d'une option d'achat récemment annoncée par Fiat pour acquérir 16% supplémentaires de son capital.

Fiat, qui détient 30% de Chrysler, devrait ainsi monter à 46% du capital une fois les dettes gouvernementales remboursées, avec en ligne de mire une prise de contrôle d'au moins 51% à terme.

Chrysler a fait appel au soutien du gouvernement en 2009, année où il a déposé son bilan comme son concurrent General Motors (GM), les deux groupes se retrouvant accablés de dettes à cause de l'effondrement du marché automobile pendant la crise.

Si GM a renoué avec les bénéfices, Chrysler n'a retrouvé que sa rentabilité opérationnelle et continue à perdre de l'argent, principalement à cause du poids de sa dette.

Les prêts des gouvernements canadien et américain sont en effet assortis de taux très élevés, allant jusqu'à 20% pour certaines tranches des prêts du Canada.

Ce refinancement bancaire à taux moins élevé devrait donc aider le constructeur à redresser ses comptes et faciliter son introduction en Bourse, prévue au plus tôt pour la fin 2011. Chrysler, qui avait été racheté par Daimler puis par le fonds d'investissement Cerberus, n'est plus coté en Bourse depuis 1998.

«Chrysler veut montrer à la communauté financière qu'il est sur la bonne voie et peut être rentable», a expliqué Mme Lindland.

Selon le Wall Street Journal, l'opération, orchestrée par les banques Goldman Sachs, Morgan Stanley, Citigroup et Bank of America, pourrait aussi permettre à Chrysler de décrocher un prêt à faible taux de 3,5 milliards du département américain de l'Énergie.

Le constructeur envisage ainsi de moderniser ses usines pour construire des véhicules plus économes en énergie.

Dans un contexte d'envolée des prix du carburant dans le monde et surtout aux États-Unis, le constructeur continue en effet «à trop dépendre des ventes de camions» (camionnettes, pick-up et tout-terrain), a fait valoir Mme Lindland.

Le constructeur est conscient d'avoir un «problème d'image auprès des consommateurs», qui ne l'associent pas aux véhicules économes en énergie, a-t-elle ajouté.