L'agence de notation financière Standard & Poor's a annoncé lundi qu'elle abaissait de «stable» à «négative» la perspective de la note des constructeurs d'automobiles japonais Toyota, Honda et Nissan dont la production au Japon a fortement chuté depuis le séisme du 11 mars.

Cette décision signifie que l'agence pourrait prochainement abaisser la note de la dette à long terme de ces constructeurs.

S&P a expliqué ce choix par «la forte baisse de production résultant de la pénurie d'approvisionnement depuis le séisme du 11 mars».

«Cette révision de la perspective reflète aussi notre opinion qu'une baisse prolongée de la production devrait réduire les parts de marché des constructeurs d'automobile japonais et leur compétitivité à long terme».

La dette à long terme de Toyota est aujourd'hui notée «AA-» (la 4e meilleure possible sur une échelle de 22), celle de Honda est de «A+» (5e meilleure) et celle de Nissan BBB+ (8e).

S&P a aussi abaissé la perspective de la note de trois équipementiers japonais, Aisin, Denso et Toyota Industries.

«Les problèmes d'approvisionnement constituent un véritable défi pour les constructeurs (...) et les ont quasiment tous forcés à réduire de façon importante leur production au Japon», a expliqué l'agence de notation.

Toyota, Honda et Nissan ont déploré un plongeon de plus de moitié de leur production de véhicules au mois de mars, par rapport au même mois de l'an passé.

Ils sont confrontés à une pénurie de composants depuis que nombre de leurs fournisseurs, situés dans le Tohoku (nord-est), ont vu leurs usines endommagées voire détruites par le séisme de magnitude 9 et le tsunami géant du 11 mars.

«L'impact commence aussi à se faire sentir à l'extérieur du Japon», a ajouté S&P, les chaînes de montage de ces groupes commençant aussi à manquer de pièces détachées en Amérique, en Europe ou en Chine.

«Bien que nous pensons que cette pénurie de composants sera largement résolue d'ici le mois de juillet, nous pensons que les constructeurs ne pourront reprendre à plein leur production cet été à cause des restrictions d'électricité attendues dans la région de Tokyo», a souligné l'agence.

Les dégâts sur les centrales nucléaires et thermiques du nord-est du Japon entraînent depuis la catastrophe un déficit de production d'électricité.

Selon S&P, la reprise des cadences habituelles sera aussi retardée par le décalage inévitable entre la fourniture des composants et leur livraison aux usines d'assemblage, particulièrement important pour les sites situés à l'étranger.

«Nous estimons que les constructeurs devraient pouvoir reprendre leur production à plein d'ici au mois d'octobre, bien que cela puisse varier d'un groupe à l'autre», a-t-elle précisé.

Toyota a ainsi prévenu qu'elle ne retrouverait un rythme normal qu'en fin d'année.

S&P a toutefois souligné que les problèmes traversés par les constructeurs n'étaient pas aussi sérieux que ceux rencontrés à l'époque de la récession de 2008-2009, qui avaient plombé leurs ventes.

«Contrairement à la période suivant la faillite de Lehman Brothers, la demande de voitures demeure forte en Amérique du Nord et dans les marchés émergents», deux points de vente importants pour les constructeurs du Japon et d'ailleurs.

«Les constructeurs pourraient partiellement compenser leur production perdue en début d'année budgétaire (1er avril-31 mars) par une augmentation des cadences dans sa deuxième partie», estime S&P, qui voit aussi dans «les liquidités importantes» accumulées par ces groupes une protection contre les turbulences actuelles.