Le constructeur automobile français Renault déposera mercredi une plainte dans l'affaire d'espionnage présumé qui secoue l'entreprise après avoir reçu mardi les trois cadres mis à pied la semaine dernière, selon un porte-parole.

«Conformément à la législation du travail, Renault a reçu mardi lors d'un entretien préalable à une décision de licenciement pour faute lourde, les trois collaborateurs de l'entreprise mis à pied», a déclaré le porte-parole.

«Il y a un temps pour tout. Un temps pour l'entreprise qui exerce ses prérogatives dans le respect le plus absolu du Code du travail. C'est pourquoi à ce stade nous ne pouvons faire aucun autre commentaire», a-t-il indiqué. «Et il y aura le temps de la phase judiciaire. Renault déposera plainte demain, mercredi 12 janvier. À partir de cette date, les éléments de cette affaire seront donc confiés à la justice», a-t-il ajouté sans autre précision.

Michel Balthazard, l'un des trois cadres de Renault soupçonnés d'espionnage industriel et mis à pied provisoirement par le constructeur automobile, «réfute totalement» les «accusations très graves» portées contre lui. Se déclarant «victime» d'une affaire qui le dépasse, il se dit prêt à collaborer à toutes les enquêtes qui pourraient être menées.

«Renault porte contre moi de accusations très graves que je réfute totalement», a-t-il déclaré mardi à RTL. «Il m'a été exposé des faits que je réfute également complètement. À partir de là, je considère que c'est une grave atteinte à ma dignité, à mon intégrité.»

Michel Balthazard, membre du comité de direction de Renault depuis 2008, affirme n'avoir désormais «qu'un seul objectif», celui de «faire reconnaître» qu'il n'est «pour rien dans cette affaire et que (son) intégrité ne peut pas être mise en cause».

«Je suis prêt à collaborer à toutes les enquêtes qui pourraient être diligentées», poursuit-il, se considérant «aujourd'hui comme une victime d'une affaire qui (le) dépasse et sur laquelle (il) attend des explications».

«Il m'est reproché des choses très graves, je laisse Renault exprimer ses reproches et prendre ses décisions», ajoute Michel Balthazard. «Je n'ai aucun problème à aller jusqu'au bout de toutes les procédures pour faire valoir mon bon droit et faire reconnaître mon intégrité après trente ans de maison et une relation avec Renault que j'ai toujours menée personnellement avec beaucoup d'éthique et beaucoup de respect pour l'entreprise.»

Vendredi, Me Thibault de Montbrial, l'avocat de Mathieu Tenenbaum, l'un des autres salariés mis en cause, avait déclaré que son client était «abasourdi par les accusations d'espionnage» portées contre lui et attendait des «explications» du constructeur.

Le directeur général délégué de l'entreprise Patrick Pélata a affirmé ce week-end au quotidien «Le Monde» que Renault était «victime d'une filière organisée internationale» destinée à servir des «intérêts situés à l'étranger». D'après lui, «rien de critique» au plan technologique ne semble avoir été diffusé à l'extérieur mais des éléments sur les coûts et l'architecture de la voiture électrique de Renault «peuvent avoir fait l'objet de fuites».

La Chine a rejeté mardi tout lien avec l'affaire d'espionnage industriel supposé au sein du constructeur automobile français.

Cette allégation est «absolument sans fondement, irresponsable et inacceptable», a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Hong Lei.