La Chine, qui pourrait être impliquée, selon des informations non confirmées, dans l'affaire d'espionnage touchant le constructeur automobile français Renault, a souvent été au coeur de scandales industriels alors qu'elle tente de rattraper son retard technologique sur l'Occident.

Si dans cette dernière affaire la piste chinoise se révèle être la bonne, cela ne serait pas une surprise, a estimé R.S. Vasan, un expert en sécurité au Centre d'études asiatiques de Chennai en Inde.

«Personne n'ignore qu'ils veulent ces voitures (électriques). C'est un secteur important pour la Chine, par conséquent je ne serais pas étonné si ces allégations étaient vérifiées», a-t-il déclaré.

«Nous savons pertinemment que la Chine a recours à diverses agences et entités afin d'obtenir certains secrets pour ensuite concevoir les technologies dans l'autre sens. Ils sont devenus très bons en la matière. Pour eux, la fin justifie les moyens», a-t-il ajouté.

Trois cadres dirigeants de Renault ont été mis à pied le 3 janvier par le constructeur, qui les soupçonne d'avoir divulgué à l'extérieur des informations sensibles.

La piste d'une fuite vers la Chine de secrets sur les voitures électriques a été avancée par la presse et des spécialistes de l'intelligence économique mais le groupe ne l'a pas évoquée jusqu'ici, se disant toutefois «victime d'une filière organisée internationale», selon son numéro deux Patrick Pélata.

Vendredi, le site internet de l'hebdomadaire Le Point avait affirmé que les trois cadres suspendus, mis en relation avec «des interlocuteurs chinois» par un sous-traitant, auraient touché de l'argent à l'étranger contre des brevets «en attente d'être déposés» sur des batteries de véhicules électriques.

Le Monde a indiqué pour sa part que «le système mis en place était relativement sophistiqué, avec la constitution de sociétés écrans et l'ouverture de comptes à l'étranger, sur lesquels étaient régulièrement versées des sommes d'argent conséquentes».

Des «transactions suspectes» ont été «décelées sur des comptes suisses» dans l'affaire d'espionnage qui secoue le constructeur automobile français Renault, selon la Une du journal Les Echos daté de lundi.

La Chine a souvent été accusée de moyens déloyaux pour faire grossir ses parts de marché.

Un des scandales les plus retentissants avait éclaté en janvier 2010, lorsque le moteur de recherches américain Google avait dénoncé des attaques informatiques massives venues de Chine.

Ces attaques auraient été destinées à voler des codes de sécurité et des courriels des messageries électroniques Gmail utilisées par des militants des droits de l'Homme chinois et auraient aussi débouché sur un vol de propriété intellectuelle.

Début 2009, le patron du groupe industriel français Alstom Transport, Philippe Mellier, avait de son côté dénoncé la fermeture progressive de la Chine aux fournisseurs ferroviaires étrangers et estimé que les pays occidentaux devraient refuser d'acheter des trains chinois illégalement exportés avec des technologies dérivées de celles des étrangers.

La Chine espionne de plus en plus les États-Unis, forte de progrès dans la cyber-guerre et le recrutement de ses agents, avait aussi affirmé en novembre 2009 la commission du Congrès américain sur les relations économiques et de sécurité sino-américaines.

Le rapport notait une forte augmentation des cyber-attaques chinoises visant à infiltrer ou perturber des sites du gouvernement américain ou de personnalités que la Chine considère comme ses ennemis.

La Chine toutefois n'est pas le seul pays à être mis en cause. La France est «l'Empire du Mal» en matière de vol de technologies, selon le dirigeant d'un groupe allemand cité par une note diplomatique obtenue par WikiLeaks.