Moins d'un an et demi après avoir émergé de la faillite, General Motors est retourné en Bourse à pleins moteurs, hier. Son action a gagné 3.6% à sa première journée sur le parquet de New York pour clôturer à 34,19$US.

Le deuxième constructeur automobile mondial a commencé la journée avec fanfare lorsque son grand patron, Dan Akerson, a fait retentir la cloche pour lancer la séance du New York Stock Exchange. Le président de GM Canada, Kevin Williams, a participé à une cérémonie semblable à la Bourse de Toronto.

 

L'enthousiasme des investisseurs a poussé le cours de l'action en hausse dès le début des échanges. À la mi-journée, le titre s'était apprécié de 7,7% pour atteindre 35,54$US, mais il s'est replié par la suite.

Le retour en Bourse survient 16 mois après que les gouvernements américain, canadien et les Travailleurs unis de l'automobile eurent été forcés d'injecter des dizaines de milliards pour aider la multinationale à se restructurer. L'entreprise a fermé 14 de ses 47 usines, mis à pied des milliers d'employés, largué des marques moins rentables telles que Saturn et Pontiac, et réduit sa dette de 46 à 8 milliards US.

«Nous étions une société financière de 100 milliards et un fonds de retraite de 100 milliards auquel était greffée une petite entreprise automobile, a indiqué en conférence téléphonique le directeur financier de GM, Chris Liddell. Nous devons nous éloigner de ce modèle.»

Afin de regagner la confiance des consommateurs, l'entreprise compte produire des voitures de taille plus modestes, elle qui misait beaucoup sur les véhicules utilitaires sport et les camions. Ses dirigeants ont cité l'exemple de la Cruze, ce nouveau modèle qui consomme moins d'essence et qui doit rivaliser avec les voitures japonaises.

Selon le grand patron de GM, Dan Akerson, la stratégie permettra de gagner des parts de marché. Surtout si le prix du carburant repart à la hausse.

«Si, Dieu nous garde, le pétrole atteint 100 dollars le baril, nous serons en bien meilleure position qu'il y a un an ou deux», a-t-il indiqué.

Un bon investissement, selon Ottawa

Ottawa a contribué 7,1 milliards à la relance de GM, tandis que le gouvernement ontarien a versé 3,5 milliards. Ces gouvernements ont depuis reçu 1,1 milliard en remboursements, ainsi que 175 millions d'actions. En tentant compte des options, ils ont vendu hier le cinquième de leurs titres, réduisant leur participation dans l'entreprise de 11,7% à 9,3%.

La décision d'aider le géant de l'automobile a été «des plus difficiles à prendre», a indiqué le ministre des Finances Jim Flaherty, hier. Mais selon lui, c'était nécessaire pour sauver l'industrie automobile, qui donne des emplois à 400 000 travailleurs.

«La reprise du secteur automobile au cours de la dernière année démontre que l'aide financière accordée par les gouvernements a et continuera d'avoir l'effet voulu de protéger des emplois au Canada», a-t-il indiqué dans un communiqué.

Le syndicat qui représente les travailleurs de GM n'est pas entièrement rassuré par le bon départ boursier. Le président des Travailleurs canadiens de l'automobile, Ken Lewenza, estime que les gouvernements devraient conserver leur participation dans la multinationale afin de sécuriser les emplois au Canada.

«Les États-Unis et le Canada ont fait une sacrée contribution à la relance de GM. La meilleure façon de faire valoir ses priorités au conseil d'administration, c'est d'être actionnaire dans l'entreprise», a-t-il indiqué.

Des retraités québécois rassurés

Le retour de GM en Bourse a été salué au Québec aussi. L'entreprise a fermé son usine de Boisbriand, en 2002, mais plusieurs retraités dépendent encore du fonds de retraite de l'entreprise. Leurs rentes ont été gelées jusqu'en 2015, mais ceux que nous avons joints hier étaient rassurés par le succès boursier de leur ancien employeur.

«C'est certain que ça nous rassure pour nos avantages sociaux», a indiqué Eddy Roussy, qui préside le Club des retraités de GM.

La débâcle du constructeur a semé l'inquiétude chez ses anciens employés, l'an dernier. À preuve, l'Association des retraités de GM, qui regroupe d'anciens cadres, est passée de 135 membres à 275 en quelques mois à peine.

«La rentabilité, a indiqué le président de l'organisme, André Bernardin, ça rassure beaucoup de retraités, je peux vous dire cela!»