General Motors a fait un grand pas pour se débarrasser de son surnom de «Government Motors», jeudi, alors que le géant de l'automobile, sauvé par les contribuables américains et canadiens après avoir fait faillite, a retrouvé son statut de société ouverte dans le cadre du plus important premier appel public à l'épargne en Amérique du Nord, d'une valeur de 23 milliards US.

Les actions du constructeur se transigeaient en hausse à Wall Street et à la Bourse de Toronto, moins d'un an et demi après un processus de restructuration ayant vu l'entreprise recevoir des milliards de dollars des gouvernements des États-Unis, du Canada et de l'Ontario, fermer des usines, procéder à des mises à pied et effacer des milliards de dollars de dette des deux côtés de la frontière.

 

«C'est un grand jour pour tous ceux qui ont des intérêts dans GM: les employés, les retraités, les concessionnaires, les fournisseurs, les contribuables et, oui, les actionnaires», a déclaré jeudi matin le chef de la direction de GM, Dan Akerson, lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.

«Aller en bourse constitue une importante étape de notre parcours vers un GM nouveau, différent et meilleur», a-t-il ajouté.

De leur côté, le président et directeur général de GM du Canada, Kevin Williams, et Carol Stephenson, doyenne de la Richard Ivey School of Business et membre du conseil d'administration de GM, au sein duquel elle représente les gouvernements canadien et ontarien, ont pris part à la cérémonie d'ouverture de la séance à la Bourse de Toronto, où les actions de GM ont également fait un retour jeudi.

Le titre du constructeur a clôturé à 34,19 US à New York [[|ticker sym='GM'|]]. À la Bourse de Toronto [[|ticker sym='T.GMM.U'|]], il a terminé la séance à 34,01 $.

Mercredi, quelques heures avant cet événement financier historique, GM avait fait savoir qu'il établirait un prix de 33 $ US par action, réagissant ainsi à l'immense demande dont faisait l'objet son titre.

Les gouvernements des États-Unis, du Canada et de l'Ontario ainsi que les autres propriétaires - qui ont acquis des actions dans le cadre du processus de sauvetage de l'entreprise en 2009 - amasseront un total de 18,2 milliards US en vendant au prix fixé par l'appel public à l'épargne.

GM espérait pour sa part accumuler 5 milliards US en écoulant 100 millions d'actions privilégiées à 50 $ US chacune.

Le département du Trésor américain vendra plus de 400 millions d'actions, réduisant du coup sa participation dans l'entreprise. Celle-ci passera de 61% à environ 33%. Les actions vendues grâce à l'appel public à l'épargne rapporteront quelque 13,6 milliards US.

Le ministre des Finances Jim Flaherty a précisé que l'organisme détenant cette participation au nom de l'État fédéral et de la province de l'Ontario, la Corporation d'investissement GEN, avait cédé un peu plus de 30,4 millions ordinaires de GM, au prix de 33 dollars américains par action, soit un montant total d'un peu plus d'un milliard.

Il a annoncé également l'ouverture d'une option de surallocation de 4,5 millions d'actions supplémentaires au même prix.

GM possède des usines au Canada et l'intervention du gouvernement d'Ottawa et de celui de la province d'Ontario ont permis de sauver des emplois.

Le Canada et l'Ontario détenaient, avant la vente de jeudi, 175 millions d'actions du constructeur automobile, soit 11,7 % du capital. Après l'opération ils conservent environ 9,7%.

Du côté syndical

Le président du syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA), Ken Lewenza, a qualifié le premier appel public à l'épargne de GM de «bonne nouvelle» pour l'entreprise et l'ensemble du secteur automobile. Il a néanmoins mis en garde les gouvernements fédéral et de l'Ontario contre une vente hâtive de leurs actions dans le constructeur.

M. Lewenza a estimé que la conservation de leurs actions dans GM pourrait s'avérer lucrative à long terme pour les gouvernements, à mesure que l'entreprise reprendra de la vigueur et que le cours de son action grimpera.

«Pour les contribuables et les travailleurs canadiens, le gouvernement ferait mieux de conserver une portion importante de ses actions pour s'assurer que l'entreprise maintienne sa présence manufacturière au Canada et pour préserver des emplois aux Canadiens», a-t-il déclaré par voie de communiqué.

Avec l'AFP