Profitant de l'intérêt des investisseurs pour le retour en Bourse de General Motors, le gouvernement américain et les Travailleurs unis de l'automobile vont vendre plus d'actions que prévu. Une stratégie qu'Ottawa n'entend toutefois pas imiter pour le moment.

GM a fait savoir hier que 478 millions d'actions seront vendues lors de son entrée en Bourse, aujourd'hui. C'est 31% de plus que les 365 millions prévus à l'origine. La multinationale a également confirmé que ses titres s'échangeront à 33$US l'unité. Le prix initial était de 26$ à 29$US.

Le retour en Bourse de GM s'annonce comme l'un des plus lucratifs de l'histoire. Il devrait permettre à l'entreprise de lever entre 20,1 et 23,1 milliards US, surpassant le record américain établi par Visa en 2008.

Washington, qui a investi 50 milliards US pour sauver le constructeur de la faillite, possède 61% de l'entreprise. Les Travailleurs unis de l'automobile en possèdent pour leur part 20%. Au terme de la vente initiale des titres, leur participation sera réduite à 33% et à 13% respectivement.

Les gouvernements du Canada et de l'Ontario, eux, contrôlent 11,7% de la multinationale. Fidèles à leur plan initial, ils ne liquideront que le cinquième de leurs actions. Et ce, même si Washington aurait incité Ottawa à en vendre davantage, selon Bloomberg.

Ottawa a fourni 7,1 milliards pour la relance de GM, tandis que Queen's Park a versé 3,5 milliards. Ces gouvernements ont depuis reçu 1,1 milliard en remboursements, ainsi que 175 millions d'actions. La vente du premier bloc d'actions devrait leur permettre d'engranger 1,15 milliard.

«En ce qui concerne le retour sur les actions, nous devrons attendre une période de temps substantielle, a indiqué le ministre des Finances, Jim Flaherty, hier. Nous allons vendre. Nous allons liquider le reste de nos titres aussi rapidement que ce sera approprié.»

La patience d'Ottawa pourrait s'avérer payante, estime Louis Gagnon, professeur de finance à l'Université Queen's, en Ontario. En conservant un important bloc d'actions, les gouvernements permettent au marché de fixer leur valeur, et de mieux évaluer l'évolution future du titre.

Ils pourraient ainsi réaliser un meilleur retour sur leur investissement si la valeur des titres augmente, peut-être même assez pour réaliser un profit.

«Il y a encore beaucoup d'incertitude, souligne M. Gagnon. Mais si la situation du constructeur s'améliore de façon marquée, la mise en vente initiale des actions va fort probablement se faire à un prix de beaucoup inférieur à celui que les investisseurs vont être capables de réaliser dans le futur.»