Ford songerait à liquider sa participation dans le constructeur japonais Mazda, selon différents reportages diffusés au cours de la dernière semaine. Une stratégie qui n'aura aucun impact sur les ventes de véhicules au Canada, selon des concessionnaires et des experts joints cette semaine.

Des sources ont indiqué au Financial Times et à Reuters que Ford va bientôt réduire sa participation financière dans Mazda de 11% à 3%. Ce sera pratiquement la fin d'une alliance qui dure depuis plus de 30 ans.

«C'est clair que, généralement, lorsqu'une entreprise décide de diminuer sa participation dans une autre entreprise, c'est probablement qu'elle veut diminuer son lien de dépendance et, d'autre part, d'avoir plus de contrôle sur son système d'exploitation», estime Yan Cimon, professeur à l'Université Laval.

Ni l'un ni l'autre des constructeurs n'a confirmé la nouvelle au cours des derniers jours. Mais la Sumitomo Mitsui Banking Corp., au Japon, a affirmé qu'elle songeait à racheter une partie de l'actif de Mazda détenu par Ford d'ici la fin de l'année.

Ford a acquis 7% de Mazda en 1979 et l'alliance a donné lieu à plusieurs coentreprises au fil des ans. Des exemples actuellement sur le marché: la Mazda 2 et la Ford Fiesta, deux voitures qui sont construites à partir d'une même plateforme.

Un partenariat bénéfique

Selon les experts de l'industrie, la relation a permis à Ford de mettre au point de petits modèles économiques, tandis que Mazda a profité des moyens de son partenaire pour financer la recherche de pointe. Les constructeurs exploitent des usines communes en Thaïlande et au Michigan. Ils ont également lancé un projet commun avec le constructeur chinois Chang'an.

Ford a augmenté à 33,9% sa participation dans Mazda en 1997, en pleine crise financière asiatique, ce qui lui a permis de prendre le contrôle du constructeur. Mais la marque américaine a traversé à son tour une période tumultueuse au cours des dernières années. Si bien que Ford a liquidé 20% des actifs de Mazda en août 2008.

Si Ford confirme sa décision, il n'aura pratiquement plus d'intérêts dans des entreprises automobiles d'outre-mer, lui qui a vendu Volvo, Aston Martin et Jaguar au cours des dernières années.

Réseaux de distribution séparés

Mais l'avenir de la participation de Ford dans Mazda aura peu d'effets sur la société chez nous.

«Nous avons toujours fonctionné comme une entreprise autonome de Ford, explique Gregory Young, porte-parole de Mazda Canada. Nous nous rapportons à Mazda. Alors, si Ford achète ou vend des participations de Mazda, ça n'a pas d'impact pour nous.»

Les concessionnaires joints cette semaine ont d'ailleurs précisé que la transaction, si elle a lieu, ne changera rien à leur quotidien. Car, malgré leur alliance, les marques ont toujours conservé des réseaux de distribution séparés.

«Mazda a son propre réseau de vente, a indiqué Marcel Delisle, propriétaire de Mazda Delisle à Montréal. Nous, on fait affaire avec Mazda. Ford, on ne les connaît pas.»

Si elle se concrétise, la décision ne signifiera peut-être pas la fin des coentreprises entre Ford et Mazda, si l'on en croit les investisseurs du constructeur japonais.

«Si nous devenons le principal actionnaire de Mazda, la relation opérationnelle et psychologique entre Ford et Mazda ne changera pas», a indiqué le président de la Sumitomo Mitsui Banking, Masayuki Oku.