Des résultats financiers encourageants et un nouveau président en selle dès septembre: un an après avoir émergé de la faillite, GM a multiplié hier les signes qu'il est mûr pour un retour en Bourse. Et le cas échéant, le gouvernement canadien en profiterait pour réduire dès que possible sa participation dans le constructeur automobile.

«Nous n'envisageons pas de demeurer actionnaire de GM à long terme. Nous voulons maximiser le rendement dont les contribuables profiteront et nous prévoyons réduire notre contribution dans GM dès qu'il sera indiqué de le faire», a confirmé hier à La Presse Affaires Jack Aubry, porte-parole au ministère des Finances du Canada.

Citant des sources près du dossier, les médias américains ont continué à soutenir hier que GM annoncera son retour en Bourse aujourd'hui, lundi prochain au plus tard. Le succès de cet appel public à l'épargne - qui serait le deuxième plus important de l'histoire des États-Unis après celui de Visa en 2008 - sera déterminant pour savoir combien d'argent récupéreront les contribuables américains et canadiens du sauvetage de 50 milliards US orchestré par leurs gouvernements.

Washington et Ottawa détiennent maintenant 61% et 12% de GM respectivement, si bien que plusieurs ont troqué l'appellation de General Motors pour le surnom «Government Motors».

GM a renforcé hier les rumeurs d'un retour en Bourse en dévoilant des résultats décrits comme «très encourageants» par les analystes.

Avec des ventes de 33,2 milliards et des profits de 1,3 milliard, le constructeur vient d'accoucher de son meilleur trimestre depuis 2004 et de son deuxième trimestre profitable de suite.

Stephen Gauthier, stratège et gestionnaire de portefeuille principal à Fin-XO Valeurs mobilières, croit que le gouvernement américain cherche actuellement à réduire sa participation dans GM et qu'il profitera de ces bonnes nouvelles pour le faire.

«Le gouvernement doit monnayer l'argent qu'il a mis pour sauver les entreprises américaines. Les nouvelles sont bonnes aujourd'hui pour GM, alors il veut profiter de l'occasion.»

«GM va bien et les gens recommencent à démontrer de l'intérêt. Je crois qu'ils peuvent réussir leur appel public à l'épargne. En fait, ils doivent le réussir parce qu'ils doivent sortir les gouvernements de l'entreprise!» a aussi dit à La Presse Affaires Aaron Bragman, analyste à IHS Global Insight au Michigan.

Si le flot de nouvelles est bon du côté de GM, il l'est cependant beaucoup moins sur les marchés, ce qui pourrait plomber le succès de l'opération.

«Je suppose que les prix qu'ils pensaient avoir il y a trois ou quatre mois, quand ils ont commencé à penser à ça, ne pourront pas être obtenus. Les marchés sont extrêmement nerveux. D'après moi, ça va être une vente difficile», dit Stephen Gauthier.

GM a aussi annoncé hier que le président et chef de la direction actuel, Edward Whitacre, cédera son siège à Dan Akerson, déjà membre du conseil d'administration, le 1er septembre. Plusieurs analystes y ont vu un autre signe que quelque chose se prépare.

«Les gens qui sont bons dans les redressements d'entreprise ne sont pas nécessairement bons dans la relance. Le changement est significatif», dit Louis Hébert, expert en stratégie d'entreprise à HEC Montréal.

Ottawa devrait vendre

Citant deux sources près du dossier, l'agence Bloomberg a rapporté hier que le gros des actions de GM qui seront offertes au public seront celles du Trésor américain, qui chercherait à se départir de 304 millions d'actions pour abaisser sa participation dans GM à moins de 50%. Les analystes estiment que l'appel public permettra de recueillir de 12 à 16 milliards.

Selon Bloomberg, le gouvernement canadien et le syndicat des Travailleurs unis de l'automobile n'auraient pas encore décidé s'ils offriront leurs actions ou non au moment de l'appel public à l'épargne. Tous les analystes consultés hier par La Presse Affaires s'entendent cependant pour dire qu'Ottawa se départira rapidement de sa participation.

«Ils vendront le plus possible, le plus rapidement possible. Ils ne peuvent pas tout vendre d'un coup, ça ébranlerait le marché et les contribuables n'en auraient pas pour leur argent. Je crois qu'on peut parler d'un processus qui durera un ou deux ans», dit l'analyste Aaron Bragman.

GM

RÉSULTATS AU DEUXIÈME TRIMESTRE

Revenus: 33,2 milliards US

Profits: 1,3 milliard US

PARTICIPATION DES GOUVERNEMENTS

États-Unis: 61%

Canada: 12%

Source: GM