L'année 2010 semble vraiment être celle de Ford au Canada. Le constructeur a dépassé son rival GM au premier rang des ventes, et le lancement ces jours-ci de la Fiesta laisse présager un retour en force dans le segment des petites voitures.

La dernière incursion du constructeur dans le créneau des sous-compactes n'avait pas épaté, loin de là. La Ford Aspire, frêle et haute sur pattes, est considérée par certains observateurs comme une des pires voitures jamais construites. Le véhicule a vite sombré dans l'oubli après sa disparition en 1997.

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Les attentes pour la nouvelle Fiesta, à l'opposé, sont immenses. Surtout au Québec. «On vise des ventes de 15 000 à 20 000 unités par année, et on croit qu'au moins la moitié de ces ventes proviendront du Québec», a avancé David Mondragon, président et chef de la direction de Ford Canada, en entrevue à La Presse Affaires.

Ford détient environ 12,5% des parts de marché dans la province, contre 16% pour l'ensemble du pays. M. Mondragon estime que l'arrivée de la Fiesta permettra de combler graduellement cet écart, «voire davantage».

Il faut dire que l'effervescence entourant la petite voiture est grande. La sous-compacte, lancée il y a un an et demi en Europe, est déjà l'automobile la plus vendue par Ford sur le continent. Et les chroniqueurs spécialisés lui ont généralement réservé un accueil enthousiaste en Amérique du Nord.

«C'est un des véhicules qui a fait le plus jaser dans l'histoire de Ford, avant même qu'il ne soit lancé, a affirmé David Mondragon, qui ne parle pas français. Environ 100 000 personnes ont déjà fait des demandes d'information au Canada.»

Le dirigeant reconnaît que le créneau est ultracompétitif - il suffit de compter le nombre de Hyundai Accent et Toyota Yaris sur les routes québécoises -, mais il estime que la Fiesta saura se démarquer. Il cite notamment les sept coussins gonflables de série, une première dans ce segment.

La Fiesta répond à la nouvelle philosophie de «voitures globales» de Ford. Le constructeur cherche désormais à commercialiser ses véhicules partout dans le monde avec le moins de changements possible, pour réduire sa structure de coûts. La version nord-américaine du véhicule est construite à Cuautitlan, au Mexique.

Ford ne craint-il pas de susciter la méfiance de certains acheteurs, qui gardent en tête les mauvais souvenirs des Volkswagen fabriquées au Mexique de la fin des années 90? David Mondragon ne s'en inquiète pas le moins du monde.

«La main-d'oeuvre mexicaine est très ambitieuse, travaille très fort et est très consciencieuse, a-t-il lancé. C'est une usine à la fine pointe de la technologie.»

Quoi qu'il en soit, la qualité des véhicules Ford est en hausse ces jours-ci, et non l'inverse, si l'on se fie au plus récent classement de la firme J.D. Power. La «qualité initiale» des voitures américaines a dépassé pour la première fois celle des véhicules importés, soutient l'étude publiée la semaine dernière.

En tout, 12 modèles de Ford et 10 de General Motors se sont classés dans les 3 meilleurs de leurs segments respectifs, a indiqué J.D. Power. Le japonais Toyota a pour sa part reculé de plusieurs rangs.

Pour ce qui est des parts de marché, Ford se classe maintenant premier au Canada, avec 16% des ventes depuis le début de l'année. Cela se compare à 15,4% pour GM, 13,7% pour Chrysler et 11,3% pour Toyota, selon les calculs de la firme Desrosiers Automotive.

David Mondragon se dit heureux de cette première place. «Cela ne s'était pas produit depuis 50 ans. Mais là n'est pas notre but. Notre but est de dégager des profits et de durer.»

Les derniers résultats du groupe vont en ce sens. Ford Motor a dégagé des profits de 2,1 milliards US au premier trimestre de 2010, contre une perte de 1,4 milliard un an plus tôt. Ses revenus ont grimpé de 3,7 milliards, à 28,1 milliards. Le constructeur est le seul de Detroit à ne pas avoir reçu d'aide gouvernementale pendant la récente crise.

Le titre de Ford Motor a clôturé à 11,46$ US vendredi à la Bourse de New York. Il a doublé depuis un an.