Le président de l'équipementier automobile canadien Magna International (T.MG.A) , Frank Stronach, a annoncé jeudi sa disposition à céder le contrôle absolu du groupe qu'il a fondé en 1957, moyennant quelque 860 millions de dollars.

Autrichien d'origine arrivé au Canada en 1954 avec 200$ en poche, M. Stronach, 77 ans, détient actuellement avec sa famille 66% des droits de vote du groupe, mais accepterait de voir sa part ramenée à 7,44%.

Dans une annonce surprise, Magna et M. Stronach ont fait part d'un accord en vue de la suppression des actions à droits de vote multiples, détenues par le fondateur et sa famille.

Cette structure a permis à la famille Stronach de contrôler le groupe depuis la fin des années 70, mais elle décourageait la venue de nouveaux investisseurs et réduisait en Bourse la valeur des titres détenus par les autres actionnaires, a reconnu la direction de Magna dans un communiqué.

L'annonce, s'ajoutant à celle de résultats meilleurs qu'attendu au premier trimestre, a d'ailleurs été très bien reçue par les investisseurs, l'action Magna ayant gagné jusqu'à 22% en Bourse à Toronto avant de se replier quelque peu, en hausse de 14%, vers 17H30 GMT.

En vertu de l'accord, les détenteurs d'actions ordinaires de catégorie A de Magna voteront vers la fin juin ou au début juillet sur la suppression des 726 829 actions de catégorie B détenues par la fiducie Stronach Trust.

C'est par le biais de ces actions, donnant droit chacune à 300 voix, que la fiducie, contrôlée par le président Frank Stronach et sa famille, contrôle le groupe.

En échange, Stronach Trust recevra 9 millions de nouvelles actions A et 300 millions de dollars américains au comptant, soit l'équivalent de 863 millions de dollars américains, en fonction du cours de clôture de l'action Magna mercredi à la Bourse de New York.

Si l'accord est approuvé, Magna comptera environ 121 millions d'actions A, donnant droit chacune à une seule voix, dont 7,44% seront détenues par la famille Stronach.

M. Stronach a souligné dans un communiqué que le système de propriété actuel lui avait permis de mettre en place «les principes, la culture et le cadre d'entreprise qui ont été la pierre d'assise de la croissance et du succès impressionnants de Magna au fil des ans».

«Bien que je sois heureux du statu quo, je comprends les bénéfices potentiels que comporte la proposition de la direction», a-t-il déclaré. «Par conséquent, si les détenteurs d'actions A soutiennent la transaction, le Stronach Trust acceptera la nouvelle structure de capital».

L'accord nécessite également l'accord des tribunaux et de la Bourse de Toronto.

Il prévoit en outre que M. Stronach devra se soumettre au même processus d'élection que les autres administrateurs, bien que Magna ait l'intention pour l'instant de le maintenir dans ses fonctions de président du conseil.

Magna et M. Stronach comptent par ailleurs investir 300 millions de dollars dans la création d'une nouvelle entreprise conjointe qui mettra au point de nouvelles technologies pour les voitures électriques.

Le groupe a renoué avec la rentabilité au premier trimestre, réalisant un bénéfice net de 223 millions de dollars américains, alors qu'il avait subi une perte de 200 millions de dollars à la même période il y a un an.

Le chiffre d'affaires a bondi de 54%, à plus de 5,5 milliards de dollars, en raison d'une hausse des ventes partout dans le monde, notamment en Amérique du Nord.

Magna, qui avait échoué l'an dernier dans sa tentative de racheter Opel, emploie 74 000 personnes dans 316 centres de fabrication et de recherche-développement dans 25 pays.