Les dizaines de milliers de propriétaires de véhicules Toyota au Québec, qui sont touchés par l'énorme rappel décrété en raison d'un blocage d'accélérateur, devront patienter au moins jusqu'à la semaine prochaine avant de faire réparer leur véhicule.

Pendant ce temps, les requêtes en recours collectif contre Toyota se multiplient au Canada et aux États-Unis. On en comptait au moins une douzaine en fin de journée hier, dont une en Cour supérieure du Québec.

 

Mais déjà, les estimations de coûts pour Toyota de ce rappel massif et de l'arrêt de production de ses véhicules les plus populaires dépassent le milliard de dollars, selon l'agence de presse Bloomberg.

 

Quant au délai pour les réparations, Toyota l'explique par le temps requis pour fabriquer et acheminer les pièces de réparation des pédales d'accélérateur dans son vaste réseau de concessionnaires, en Amérique du Nord et en Europe.

 

Au Québec seulement, Toyota a 68 concessionnaires, dont 28 dans la région de Montréal. Ils ont chacun des dizaines d'employés devant être informés des procédures de rappel et de réparation des véhicules. En parallèle, Toyota devra avertir par lettre les propriétaires connus des automobiles et des camions légers concernés par le rappel. Quelque 270 000 véhicules des modèles rappelés ont été vendus au Canada ces dernières années, dont au moins 83 000 au Québec.

 

Aussi, parce que le risque de blocage d'accélérateur croit à l'usure, Toyota entend prioriser la réparation des véhicules au kilométrage plus élevé, selon les registres d'entretien des concessionnaires. «Nous travaillons avec nos concessionnaires afin de s'assurer qu'ils maximisent leurs heures d'exploitation pour accommoder la clientèle», a indiqué Jean-Pierre Gagnon, directeur régional de Toyota au Québec.

 

«Même considérable, ce rappel survient durant une période creuse d'activités de vente et d'entretien dans nos établissements. Nous pourrons nous ajuster rapidement aux directives de Toyota et aux besoins des clients», selon Roberto Barba, vice-président et directeur général de Park Avenue Toyota, sur la Rive-Sud.

 

Cela dit, pendant qu'elle organise le rappel avec ses concessionnaires, Toyota tente encore de contenir les dommages à son image de marque subis depuis deux semaines. Dans la foulée des excuses faites samedi par le numéro un de Toyota, Akio Toyoda, les directeurs nationaux du manufacturier multiplient depuis hier les entrevues médiatiques dans leurs marchés respectifs. Chez Toyota Canada, le directeur général, Stephen Beatty, a confirmé que cinq cas de blocage d'accélérateur avaient été signalés jusqu'à maintenant au pays.

 

Multiples projets en recours collectifs

 

Entre-temps, sur le front juridique, des bureaux d'avocats au Canada et aux États-Unis multiplient les projets de requête en recours collectifs contre Toyota. Ces requêtes ciblent l'obtention d'une compensation pécuniaire aux clients de Toyota qui estiment avoir subi des dommages matériels et moraux.

 

À Montréal, l'avocat Jeffrey Orenstein pilote une requête en recours collectif inscrite récemment en Cour supérieure par le propriétaire d'une Camry 2007, à propos du risque de blocage du contrôleur électronique de l'accélérateur. Ce problème est différent du rappel courant à propos des accélérateurs mécaniques de véhicules Toyota. N'empêche, M. Orenstein entend modifier sa requête de recours collectif, pour y englober tous les problèmes d'accélérateurs attribués à Toyota.

 

Mais hors du milieu juridique, la pertinence immédiate de tels recours collectifs contre Toyota suscite des doutes.

«Ces démarches visent une compensation financière, qui pourrait survenir dans quatre ou cinq ans dans le meilleur des cas, critique George Iny, directeur général de l'Association de protection des automobilistes (APA) Or, le plus important pour les propriétaires de véhicules Toyota, c'est d'obtenir rapidement la réparation adéquate de leur véhicule pour corriger le risque de blocage de l'accélérateur.»

 

Selon M. Iny, ce risque chez Toyota est soupçonné depuis «deux ou trois ans au moins», à la suite d'incidents en Europe et en Amérique du Nord. «L'enquête interne chez Toyota a été retardée par sa mentalité trop cachottière. Il faut espérer que cette crise changera cette mentalité chez Toyota.»