L'énorme rappel de véhicules décrété par Toyota à l'échelle mondiale depuis quelques jours en raison d'un risque de blocage d'accélérateur implique au moins 82 300 automobiles et camions légers en usage au Québec.

C'est ce que révèle un croisement de la liste de rappel de Toyota, qui comprend huit véhicules récents, et les plus récentes données d'immatriculation de la Société de l'assurance-automobile du Québec (SAAQ).

Parmi ces véhicules en rappel chez Toyota, presque tous des années-modèle 2009 et 2010, on compte au moins 50 420 automobiles compactes Corolla et Matrix en circulation au Québec.

Quant à l'automobile de taille intermédiaire Camry, dont le rappel remonte jusqu'à 2007, au moins 20 300 de ces véhicules circulent sur les routes québécoises, selon les données de la SAAQ obtenues par La Presse Affaires.

Par ailleurs, en surplus des véhicules Toyota ciblés par le rappel de réparation de la pédale d'accélérateur, il faut ajouter un véhicule-jumeau de la Matrix vendu par les concessionnaires GM.

Il s'agit des Pontiac Vibe 2009 et 2010, qui étaient fabriqués jusqu'à récemment dans une usine conjointe de GM et Toyota en Californie, et dont quelques centaines d'exemplaires ont été vendus au Québec ces derniers mois.

Ces ventes ont eu lieu lors du solde final d'inventaire de la marque Pontiac, larguée par GM lors de sa récente restructuration d'insolvabilité.

«Nous n'avons aucun rapport d'incident d'accélérateur avec les Pontiac Vibe. Néanmoins, nous suivons la situation et contacterons nos clients récents de Vibe dès que nous en saurons plus de Toyota sur les réparations qu'elle fera sur son modèle Matrix», a indiqué Tony La Rocca, de GM Canada.

Entre-temps, chez les concessionnaires Toyota, on rapporte que les inspections de véhicules ciblés par le rappel ont lieu sans accroc particulier. Du moins, pour le moment.

«Nous avons des dizaines de concessionnaires Toyota parmi nos membres et, à ma surprise, nous n'avons encore aucune plainte ou critique envers la façon dont le fabricant gère cette crise avec eux», a indiqué Jacques Béchard, p.d.g. de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec.

Chez Park Avenue Toyota en banlieue sud de Montréal, qui est l'un des plus gros concessionnaires au Québec, le directeur général, Roberto Barba, abonde dans le même sens.

«Le suivi avec Toyota est très bon jusqu'à maintenant. Les inspections des véhicules ciblés par le rappel ont la priorité à notre service d'entretien. Néanmoins, à peine une trentaine de clients se sont présentés depuis l'annonce du rappel, a indiqué M. Barba.

«Et parmi les véhicules inspectés, nous n'avons pas encore constaté de cas-problème qui justifient une retenue et un remplacement temporaire de véhicule, comme Toyota nous demande de le faire en cas de doute.»

Quant à la réparation des véhicules trouvés défectueux, les concessionnaires et les clients de Toyota devront patienter encore quelques jours.

Aux dernières nouvelles, en fin de journée hier, la direction de Toyota Motors disait avoir identifié la défectuosité affectant la pédale d'accélération de certains modèles, et que les pièces de réparation étaient déjà en production accélérée chez des fournisseurs.

Ces pièces devraient parvenir à ses usines et chez ses détaillants au cours des prochains jours.

En parallèle, au Canada du moins, les concessionnaires attendent toujours de Toyota les listes détaillées des modèles de véhicules rappelés pour la réparation.

Comme lors de tout rappel, ces listes doivent contenir les numéros de série des véhicules visés, ainsi que les plus récentes informations connues sur leurs propriétaires.

À ce sujet, auprès de l'Association de protection des automobilistes (APA), le directeur général, George Iny, suggère à tous les propriétaires de véhicules Toyota des années récentes de vérifier l'actualité de leur fiche-client.

«Toyota semble procéder relativement bien jusqu'à maintenant. Mais lors d'un rappel, les fabricants ne sont tenus que d'avertir les propriétaires des véhicules selon les plus récentes informations dans leurs fichiers, a indiqué M. Iny.

«C'est donc très important de s'y inscrire, surtout pour les propriétaires subséquents à celui qui a acheté le véhicule neuf chez un concessionnaire.»